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AVERTISSEMENT

SUR LES TRAGÉDIES DE M A RI A MX E.

Il n’est rien de plus connu dans l’histoire que la mort de Mariamne. Les rauses, les circonstances et les suites de ce tragique événement sont décrites fort au long pai- Josèphe dans le quinzième livre de ses Anliquilés. Bien avant Voltaire, ce sujet avait tenté les poètes dramatiques. Le fécond Alexandre Hardy, au commencement du xvii" siècle, fit une tragédie de Mariamne imprimée en 1610.

Après avoir fait égorger la famille royale des Asmonéens, Hérode. autant par politique cpie par amour, épouse Mariamne, seul rejeton de cette famille illustre : mais cette princesse le traite toujours avec autant de fierté que de mépris. Jusqu’ici l’amour qu’il a conçu pour Mariamne lui a fait par- donner tous ses dédains ; mais Phérore, frère d’Hérode, et surtout Salome, .sœur de ce t\Tan, ont juré la perte de la reine. Ils assiègent l’àme inquiète et cruelle d’Hérode, et la trouvent disposée a recevoir les impressions qu’ils veulent lui donner : enfin, c’est ici comme dans l’histoire. Au deuxième acte, un page, envoyé par Hérode. vient de sa part prier la reine de passer dans son cabinet : « Sais-tu pourquoi ? » lui dit Mariamne. Voici sa ré- jionse :

L’indice ne me donne autre suasion

Fors que de sa Junon de son âme demie

L’absence le travaille.

MARIAMNE.

faveur ennemie ! Sévère mandement I las ! que tu m’es amer !

Mais allons lui donner une œillade forcée.

Elle sort. et. pendant son absence, Salome fait ses efforts auprès de l’échanson pour le décider à servir sa vengeance, en accusant Mariamne d’avoir voulu le séduire pour empoisonner le roi. Furieux contre son épouse. Hérode ouvre le troisième acte. Entendez-le vous-même : il va vous expli- quer la cause de sa juste colère :

Serpent enflé d’orgueil, fere ingrate…. Ne m’espère jamais de regards captieux Amolir courroucé ; non, désormais n’espère Que ce refus ne soit ta ruine dernière.