Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/179

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A\ KUTISSEMENÏ. Ij9

La Mariamne de Ti’istan. forrii ; (’(> [uir.l.-IL Koussciiii. ne fui imblii’i- ([u’cii 1733 sous la date de \1’.V* : Pièces dramatiques choisies el resliluees, par M***. Amsterdam. F. Changuion, 1734, in-12. Elle n’eut aucune influence sur la destinée de l’œuvre de Voltaire.

\In peu moins d’un an après la représentation unique de la Mariamne de \oltaire, le I •"> février 172.}, l’abbé Xadal. auteur de ([uelques tragédies oubliées, lit rei)résenter une nouvelle Mariamne qui eut quatre représentations.

« Ouoique l’abbé ne fût pas un rude jouteur, dit M. G. Desnoirestcrres, cet antagonisme ne laissait pas d’être désagréable pour Voltaire, qui était en train de remanier sa Mariamne et songeait à la faire reprendre sous peu de mois. Une pièce.simplement plate peut se traîner sans sifflets et avoir, en fin de compte, toutes les apparences d’un succès d’estime ; et un succès d’estime obtenu par Xadal, quand l’accueil du public l’avait forcé, lui, -à retirer sa pièce, c’eût été le comble de l’humiliation. La représentation de la Mariamne de l’abbé n’était donc pas un fait inditférent, et Voltaire n’y assista point sans une secrète émotion, car on y remarqua sa présence. Ses amis s’y trouvèrent aussi : et. s’il faut en croire son rival, ils firent tout ce qu’il fut en eux pour faire tomber sa tragédie. Le fait est que la Mariamne de Nadal tomba, quoiqu’il affirme qu’elle triompha de la cabale. Et comment n’eût-elle pas triomphé, « quand l’action avait toutes ses parties, que les « mœurs et les caractères y étaient vrais, que tous les incidents y naissaient du sujet 1 ». On avoue bien quelques petites imperfections, mais on se sent fort à l’aise en présence des innombrables faiblesses de la Mariamne adverse. « On a de la peine à comprendre la prétention de M. de V*** dans la négli- « gence qu’il affecte pour la rime. Le grand Corneille et l’illustre Racine « l’ont respectée. 11 n’est pas de beaux vers sans la richesse de la rime ; et « la difficulté qu’il y a à la trouver ne permet aucune excuse sur une sin- « gularité aussi bizai-re… Quel est le poëte, à l’exception de M. de V***, « qui jusqu’ici ait fait rimer enfin avec asmonéen :

« Souviens-toi qu’il fut prêt d’exterminer enfin « Les restes odieux du sang asmoncen ? »

« Le reproche était fondé, bien que le distique que cite Nadal ait com- plètement disparu de la pièce de A’oltaire. Mariamne n’était pas encore imprimée, mais on en avait usé envers elle comme envers /nés (de Lamotte) ; on l’avait saisie au vol et l’on était parvenu, lamljeau par lambeau, à la mettre tant bien que mal sur ses pieds, non sans quelque altération de texte. Avant l’édition donnée par l’auteur, trois éditions se succédaient, ce qu’il conteste avec un dépit oià perce toutefois une certaine satisfaction d’amour-propre. « Vous voyez, écrit-il à Thiériot, que l’honneur qu’on a fait à Lamotte d’écrire « son Inès dans les représentations n’est pas un honneur si singulier qu’il « le prétend. »

« Quoi qu’il en soit, la Mariamne de l’abbé fut si peu triomphante que le parterre demanda, séance tenante, celle de Voltaire. Mais ce parterre, aux

1. Préface Aq Mariamne, théâtre de M. l’abbé Xadd. 1738, p. 2’25.