Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

162 PRÉFACE DE MAUIAMNE.

ques cliang(Mii(Mits on 1725, au mois do mai, ot lut roruo alors avoc une oxtrônio indulgonco.

J’avoue avoc sincérité qu’elle jnéritait le mauvais accueil que lui fit d’abord le public ; et je supplie (ju’on me permette d’entrer sur cela dans un détail qui peut-être no sera pas inutile à ceux ([ni voudront courir la carrière épineuse du tbéàtre, où j’ai lo malbeur de m’étre engagé. Ils verront les écueils où j’ai (’cboué : ce n’est que par là que je puis leur être utile.

Une dos premières règles est de peindre les héros connus tels qu’ils ont été, ou plutôt tels que le public les imagine ; car il est bien plus aisé de mener les hommes par les idées qu’ils ont qu’en voulant leur en donner de nouvelles.

Sit iModca fero\ invictiuiuo, llchilis Ino, l’crfidus Ixion, lo vai^ii. Iristis Orestes, etc.

HoR., Art. poél., 1-23-4.

Fondé sur ces principes, ot entraîné par la complaisance res- pectueuse que j’ai toujours eue pour des personnes qui m’hono- rent de leur amitié ot de leurs conseils, je résolus do m’assujettir entièrement à l’idée que les hommes ont depuis longtemps dQ Mariamne et d’Hérode, etje ne songeai qu’à les peindre fidèlement d’après le portrait que chacun s’en est fait dans son imagination.

Ainsi Hérodo parut, dans cette pièce, cruel et politicpio : tyran de ses sujets, de sa famille, de sa femme : plein d’amour pour Mariamne, mais plein d’un amour barbare (pii ne lui inspirait pas le moindre repentir de ses fureurs. Je ne donnai à Mariamne d’autres sontimonts qu’un orgueil imprudent, ot (ju’uno haine inlloxible pour son mari. Et enihi, dans la vue do me conformer aux opinions reçues, je ménageai une entrevue outre Hérode ot Varus*, dans laquelle je fis i)arlor ce préteur avec la hautoui’ qu’on s’inuigino que les honuiins alfoctaiont a\oc les rois.

Qu’arriva-t-il de tout cet arrangement ? Mariamrx’ iniraifablo n’intéressa point ; Tléi’odo, n’étant (|uo criminel, ré\olla. ot son entretien avoc Varus le rendit méprisable. J’étais à la première représentation : je m’aperçus, dès le moment où Hérode parut, qu’il était impossible que la pièce eût du succès : ot je iiiiHais égaré on marcliant trop timidcmont dans la route ordinaire.

Je sentis (pi’il est des occasions où la première l’ègh^ est de

1. M. (Je Voltaire a, dans la suite, subslitiic le personnage de Sohùme à celui de Varus. On trouvera, dans les variantes, les scènes qu’il a cru devoir sacritier ; mais il a été inipossiljlc de retrouver lo premier dénoùment. (K.)