Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/186

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166 l’RKFACE DE MARIAMNE.

Un inoinont a \aiiicu mon audace inipriKlcnlc : Cctto âme si superbe est enfin dépendante. Depuis près de six mois, lionteux, désespéré. Portant partout le trait dont je suis déchiré, Contre vous, contre moi, vainement je m’éprouve. Présente, je vous fuis ; absente, je vous trouve ; Dans le fond des forêts votre image me suit ; La lumière du jour, les ombres de la nuit. Tout retrace à mes \ (mi\ les charmes que j’évite, Tout vous livre [\ l’envi le rebelle Hippolyte. Moi-même, pour tout fruit de mes soins superflus, Maintenant je me cherche, et ne me trouve jthis. Mon arc, mes javelots, mon char, tout m’importune. Je ne me souviens plus des leçons de Xeptune ; Mes seuls gémissements font retentir les bois, Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix.

Voici coinment Hippolyte s’exprime dans IM-adoii :

Assez et troj) longtemps, d’une l)ouclie profane,

Je méprisai l’amour et j’adorai Diane.

Solitaire, farouche, on me voyait toujours

Chasser dans nos forêts les lions et les ours.

Mais un soin plus pressant m’occupe et m’embarrasse :

Depuis que je vous vois, j’abandonne la ciiasse ;

Elle fit autrefois mes plaisirs les plus doux,

Et quand j’y vais, ce n’est que pour penser à vous.

On ne saurait lire ces (iciiv i)i(’cesdecoiiipai’aisoi) sansadiiiirci’ rime et sans rire de l’antre. C’est pourtant dans toutes les deux le nirine fonds de sentiment et de pensées : car, qnand il s"a< ; it de faire parler les passions, tons les hommes ont |)res([ue les mêmes idées ; mais la façon de les exprimer distingue l’homme d’esprit d’avec celui qui n’en a point, l’homme de gV’nie d’avec celui (|iii n’a que de l’esprit, et le porte d’avec celui (jiii veut l’être.

Pour [)arvenir à écrire comme M. Racine, il faudrait avoir son génie, et polir autant que hii ses ouvrages. Quelle défiance ne dois-je donc point avoir, moi qui, né avec des talents si faibles, et accablé par des maladies confinnellcs. n’ai ni le don t\o hicii imaginer, td la liberté de corriger, par un li-a\ail assidu, les ([« ■’l'auts (le mes oii\ra,t ; (’s ? .le sens a\(’C déplaisii’ tontes les l’ ; uiles (jni sont dans la conlexliire de celle |)ièce, aussi bien (|ih’ dans la diction. J’en aurais corrigé (|iiel(pies-nnes, si j’avais |)n relarder celte (’dition ; mais j’en aurais encore laissé l)eaiicoiip. Dans t<uis les arts, il \ a un ieruu’ par delà le(|uel ou ne peut [)his a\aucei\