Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/236

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HÉRODE.

Ah ! malheureux ! que venez-vous me dire ?

NARBAS.

Ma voix en vous parlant sur mes lèvres expire.

HÉRODE.

Mariamne...

NARBAS.

Ô douleur ! Ô regrets superflus !

HÉRODE.

Quoi ! c'en est fait ?

NARBAS.

Seigneur, Mariamne n'est plus.

HÉRODE.

Elle n'est plus ? grand Dieu !

NARBAS.

Je dois à sa mémoire,
A sa vertu trahie, à vous, à votre gloire,
De vous montrer le bien que vous avez perdu,
Et le prix de ce sang par vos mains répandu.
Non, seigneur, non, son coeur n'était point infidèle.
Hélas ! lorsque Sohême a combattu pour elle,
Votre épouse, à mes yeux détestant son secours,
Volait pour vous défendre au péril de ses jours.

HÉRODE.

Qu'entends-je ? ah ! malheureux ! ah ! désespoir extrême !
Narbas, que m'as-tu dit ?

NARBAS.

C'est dans ce moment même
Où son coeur se faisait ce généreux effort,
Que vos ordres cruels l'ont conduite à la mort.
Salome avait pressé l'instant de son supplice.

HÉRODE.

Ô monstre, qu'à regret épargna ma justice !
Monstre, quels châtiments sont pour toi réservés ?
Que ton sang, que le mien... Ah ! Narbas, achevez,
Achevez mon trépas par ce récit funeste.

NARBAS.

Comment pourrai-je, hélas ! vous apprendre le reste ?
Vos gardes de ces lieux ont osé l'arracher.
Elle a suivi leurs pas sans vous rien reprocher,
Sans affecter d'orgueil, et sans montrer de crainte ;
La douce majesté sur son front était peinte ;