Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VARIANTES DH MAIUAM.NK. i>2’. »

Happollc en ton esprit ce jour infortuné ;

Songea quel désespoir Hcrodo abandonne

Vit son épouse aitière, abhorrant ses approches,

Détestant ses adieux, l’accablant de reproches.

Redemander encore, en ce moment cruel.

Et le sang de son frère, et le sang paternel.

Hérode auprès de moi vint déplorer sa peine ;

Je saisis cet instant précieux à ma haine ;

Dans son cœur déchiré je repris mon pouvoir ;

J’enflammai son courroux, j’aigris son désespoir ;

J’empoisonnai le trait dont il sentait l’atteinte.

Tu le vis plein de trouble, et d’horreur, et de crainte.

Jurer d’exterminer les restes dangereux

D’un sang toujours trop cher aux perfides Hébreux :

Et, dès ce même instant, sa facile colère

Déshérita les fils et condamna la mère.

Mais sa fureur encor flattait peu mes souhaits ; L’amour qui la causait en repoussait les traits : De ce fatal objet telle était la puissance, Un regard de l’ingrate arrêtait sa vengeance. Je pressai son départ ; il partit, et depuis, Mes lettres chaque jour ont nourri ses ennuis. Ne voyant plus la reine, il vit mieux son outrage : Il eut honte en secret de son peu de courage ; De moment en moment ses yeux se sont ouverts ; J’ai levé le bandeau qui les avait couverts. Zarès. étudiant le moment favorable, A peint à son esprit cette reine implacable, Son crédit, ses amis, ces Juifs séditieux. Du sang asmonéen partisans factieux. J’ai fait plus ; j’ai moi-même armé sa jalousie : Il a craint pour sa gloire, il a craint pour sa vie. Tu sais que dès longtemps, en butte aux trahisons, Son cœur de toutes parts est ouvert aux soupçons : Il croit ce qu’il redoute ; et, dans sa défiance, Il confond quelquefois le crime et l’innocence. Enfin j’ai su fixer son courroux incertain : Il a signé l’arrêt, et j’ai conduit sa main.

M A Z A E L.

Il n’en faut point douter, ce coup est nécessaire :

Mais avez-vous prévu si ce préteur austère

Qui sous les lois dAuguste a remis cet État

Verrait d’un œil tranquille un pareil attentat ?

Varus, vous le savez, est ici votre maître.

En vain le peuple hébreu, prompt à vous reconnaître.

Tremble encor sous le poids de ce trône ébranlé :

Votre pouvoir n’est rien, si Rome n’a parlé.

Avant qu’en ce palais, des mains de Varus même.

Votre frère ait repris l’autorité suprême,

Il ne peut, sans blesser l’orgueil du nom romain.

Dans ses États encore agir en souverain.

Varus souffrira-t-il que l’on ose à sa vue

Immoler une reine en sa garde reçue ?

Je connais les Romains : leur esprit irrité