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L’INDISCRET
COMÉDIE

SCÈNE I.
EUPHÉMIE. DAMIS.
EUPHÉMIE.

N’altoii(lez pas. luoii fils, qu’avec un ton s(\(’re
Je déploie à vos yeux l’autorité de mère :
Toujours prête à me rendre à aos justes raisons,
Je vous donne un conseil, et non pas des leçons ;
(’/est mon cœui" (jui vous parle, et mon expérience
Fait que ce cœur pour vous se trouble i)ar avance.
Depuis deux mois au plus \ous êtes à la cour :
\ous ne connaissez pas ce dangereux s(jour :
Sur un nouveau venu le courtisan perlide ^
Avec malignité jette un regard avide.
Pénètre ses défauts, et, dès le premier jour.
Sans piMé le condamne, et même sans retour.
Craignez de ces messieurs la malice profonde.
Le premier pas, mon fils, que l’on fait dans le monde
Kst celui dont dépend le reste de nos jours :
Ridicule une fois, on vous le croit toujours ;
L’impression demeure. En vain, croissant en âge.
On change de conduite, on prend un air plus sage,
On souffre encor longtemps de ce vieux pn-jugé-.
On est suspect encor lorsqu’on est corrigé ;
Et j’ai vu quelquefois payer dans la vieillesse
Le tribut des défauts qu’on eut dans la jeunesse :
r.onnaissez donc le monde, et songez qu’aujourd’hui
Il faut que vous viviez })our aous moins que pour lui.

1. Voltaire avait dit dans OEdipe :

Des courtisans sur nous les inquiets regards Avec avidité tombaient de toutes parts.

Afle III, se. If*-.