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LETTRES
ÉCRITES EN 1719
QUI CONTIENNENT LA CRITIQUE DE L’ŒDIPE DE SOPHOCLE,
DE CELUI DE CORNEILLE, ET DE CELUI DE L’AUTEUR[1].

LETTRE PREMIÈRE
écrite au sujet des calomnies dont on avait chargé l’auteur[2].

Je vous envoie, monsieur, ma tragédie d’Œdipe que vous avez vue naître. Vous savez que j’ai commencé cette pièce à dix-neuf ans : si quelque chose pouvait faire pardonner la médiocrité d’un ouvrage, ma jeunesse me servirait d’excuse. Du moins, malgré les défauts dont cette tragédie est pleine, et que je suis le premier à reconnaître, j’ose me flatter que vous verrez quelque différence entre cet ouvrage et ceux que l’ignorance et la malignité m’ont imputés.

[3]Vous savez mieux que personne que cette satire intitulée les

  1. Tel est le titre de ces lettres dans les éditions de 1708, 1773, etc. Les éditeurs de Kehl et leurs successeurs les ont intitulées : Lettres à M. Genonville, etc. Le ton de ces lettres m’a permis de ne pas les classer dans la Correspondance, et me porte à douter qu’elles aient été adressées à Genonville, que Voltaire traitait bien moins cérémonieusement ; voyez, dans la Correspondance, l’année 1718 ; les Lettres sur Œdipe, imprimées en 1719, à la suite de la tragédie, n’ont été comprises dans les Œuvres de l’auteur qu’à partir de 1764. Le début de la seconde lettre prouve qu’elles doivent être placées avant la pièce. (B.)

  2. Les éditions de 1719 portent de plus ces mots : « Imprimée par permission expresse de monseigneur le duc d’Orléans. » (B.)

    Ce n’étaient pas des calomnies qui l’avaient fait mettre à la Bastille. Il se défend ici d’être l’auteur des J’ai vu ; mais il sait bien que c’est pour le Puero regnante qu’il fut arrêté ; et le Puero regnante est bien de lui. (G. A.)

  3. Dans l’édition de 1719, au lieu de ce qui suit, on lisait :

    « Je sens combien il est dangereux de parler de soi ; mais mes malheurs ayant été publics, il faut que ma justification le soit aussi. La réputation d’honnête