Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/337

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SUR i.A THA( ; i’- : i)ii- : . 317

naiil (|iril ne s’en Iroinc pas daNatila^c dans un oini’n^c com- pos(’ dans tm sirc.lc di^noi’ancc, par un lionmic (|iii iiumiic no savait pas lo latin, et ([ni n’ent de inaîlrc que son f^rnic. Mais, au milieu de tant do fautes grossières, avec <]uel ravissenu’nt je voyais lînitns, tenant encore un poignard teiid du sang de C<sar, asseiuhier le peuple romain, et lui parler ainsi du liaut de la, trihune au\ liarangiies :

(( lîomains, compatriotes, amis, s’il est (jnelipTun de \ous (|ui ait été attaché à César, qu’il sache (jne Brutus ne l’était |)as moins : oui, je l’aimais, Romains ; et si ^ous me deuuiudez pour- quoi j’ai versé son sang, c’est que j’aimais Rome davantage. Voudriez-vous voir C-ésar vivant, et mourir ses esclaves, plutôt que d’acheter votre liberté ])ar sa mort ? César était mon ami, je le pleure ; il était heureux, j’applaudis à ses triomphes ; il était vaillant, je l’honore : mais il était ambitieux, je l’ai tué. Y a-t-il quelqu’un parmi vous assez lâche pour regretter la servitude ? S’il en est un seul, ([u’il parle, qu’il se montre ; c’est lui que j’ai offensé ; y a-t-il quelqu’un assez infâme pour oublier qu’il est Romain ? ([u’il parle ; c’est lui seul qui est mon ennemi.

CHOEUR DES nOMAIXS.

Personne, non, Brutus, personne.

BRUTUS.

Ainsi donc je n’ai offensé personne. Voici le corps du dicta- ’# teur qu’on ^ous apporte ; les derniers devoirs lui seront rendus par Antoine, par cet Antoine qui, n’ayant point eu de part au chàfiinent de César, en retirera le même a\antage que moi : et (|ue chacun de vous sente le J)onlieur inestimable d’être libre 1 Je n’ai plus qu’un mot à vous dire : j’ai tué de cette main mon meilleur ami pour le salut de Rome : je garde ce même poignard pour moi, (juand Rome demandera ma vie.

LE CHOELR.

Vivez, Brutus, vivez à jamais ! »

Après cette scène, Antoine ^ient émouvoir de pitié ces mêmes Romains à qui Brutus avait inspiré sa rigueur et sa barbarie. Antoine, par un discours artificieux, ramène insensiblement ces esprits superbes ; et quand il les voit radoucis, alors il leur montre le corps de César ; et, se servant des figures les plus pathé- tiques, il les excite au tumulte et à la vengeance. Peut-être les \ Français ne souffriraient pas que l’on fit paraître sur leurs théâtres un chœur composé d’artisans et de plébéiens romains ; que le