Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/447

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LE CHEVALIER.

Enfin, pour vous dire tout, elle a deux enfants en nourrice.

M. DU CAP-VERT.

Ce serait une marque certaine que j’en aurai lignée : mais je ne crois rien de toutes ces fadaises-là.

LE CHEVALIER.

Voilà un homme inébranlable : c’est un rocher.


Scène XI.

FANCHON, LE CHEVALIER, M. DU CAP-VERT.
LE CHEVALIER.

Ah ! la voici qui vient reconnaître l’ennemi : mon amiral, voilà donc l’écueil contre lequel vous échouez. À votre place, j’irais me jeter la tête la première dans la mer : un grand homme comme vous ! ah ! quelle faiblesse !

M. DU CAP-VERT.

Taisez-vous, babillard. C’est donc vous, Fanchon, qui m’allez appartenir ? Je jette l’ancre dans votre port, m’amie, et je veux, avant qu’il soit quatre jours, que nous partions tous les deux pour Saint-Domingue,

FANCHON, au chevalier.

Quoi ! monsieur le chevalier, c’est donc là ce fameux M. du Cap-Vert, cet homme illustre, la terreur des mers et la mienne ?

LE CHEVALIER.

Oui, mademoiselle.

M. DU CAP-VERT.

Voilà une fille bien apprise.

FANCHON.

C’est donc vous, monsieur, dont mon père m’a entretenue si souvent ?

M. DU CAP-VERT.

Oui, ma poupe ; oui, mon perroquet ; c’est moi-même.

FANCHON.

Il y a cinquante ans que vous êtes son intime ami ?

M. DU CAP-VERT.

Environ, si mon estime est juste.

FANCHON.

Voudriez-vous faire à sa fille un petit plaisir ?