Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/475

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AVERTISSEMENT

l’OUR LA PRÉSJ-MK ÉDITION.

l’our rnii’o suite ; i BruluS ; Voltaire comincnra iiiimédiateineiit deux Ira- ^’l'dics : la Mort de César et Éripityle. La première, écrite dans le même .-(■ns que BruLus, fut gardée longtemps en portefeuille. Ce qui paraît avoir déterminé Voltaire à composer la seconde, c’est le désir d’introduire un sj)ectre sur la scène française. L’effet produit à Londres par le fantôme du père d’Hamlet l’avait vivement frappé. Il espérait obtenir une impression pareille avec l’ombre d’Amphiaralis ; mais le théâtre était alors occupé, comme on sait, par une jeunesse brillante et chamarrée, et il était impos- sible qu’une apparition fantastique produisît quelque illusion au milieu de lout ce beau monde.

Éripinjle fut d’abord représentée chez.AI""’ de Fontaine-Martel par des acteurs de société : elle gagna son procès devant ce public de salon. Elle jjarut sur le vrai théâtre le vendredi 7 mars 1732, et réussit passalDlement*.

\. La versification surtout fut applaudie, et certains vers frondeurs auxquels l’auteur à’OEdipe avait d’ailleurs habitue les spectateurs. « Otoz-en quelques mor- ceaux contre les grands, contre les princes et contre la superstition, rien n"est à lui, « t la pièce n’aurait pas trois représentations », écrit au président Bouhier l’abbé Le Blanc, un de ces contempteurs sournois de Voltaire, qui le déchirent en dessous et lui font extérieurement mille caresses. Le vrai, c’est que l’œuvre n’était pas sans défauts et que le succès avait besoin pour s’affermir qu’on relevât le zèle et le moral des comédiens auxquels pourtant on avait abandonné les profits ; et le ppëte ne croit pas inutile de faire prier le comte de Clermont d’envoyer chercher la troupe et de lui recommander Èriphyle. On voit que Voltaire pensait à tout.

Cette pièce qu’il a soumise à Cideville et à Forment et qu’il a remaniée de cent sortes, il va encore profiter de la clôture de Pâques pour la corriger de son mieux, et ces corrections ne consisteront pas en moins de trois actes nouveaux. Non content de cela, il avait rimé un compliment en vers que prononça Dufresne à la réouverture du théâtre. Mais malgré les belles tirades et les applaudissements qu’elles faisaient naître, il avait trop de flair pour se méprendre sur les imperfec- tions de son œuvre en dépit de s"s retouches journalières : il se fera l’avocat du diable contre la canonisation à’Éripliyle. Il avait envoyé sa tragédie à Jore, qui avait commencé l’impression ; il donne des ordres pour tout suspendre et se fait retourner le manuscrit. « Eriphyle, dit-il en toute bonne foi, n’a pas eu un grand succès. J’étais prêt à la livrer à l’impression, mais je suis maintenant déterminé à ne la point faire imprimer ou du moins à la laisser de côté dans mon cabinet jusqu’à ce que je puisse la revoir et y faire de nouvelles corrections. » Finalement, les représentations d’Ériphyle cessèrent, et le poëme ne fut pas publié. ( G. D. )