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ACTE I. SCÈNE III. 46 : i

Je l’ai vu : ce^n’est point une erreur passagère Que produit du sommeil la vapeur mensongère. Le sommeil à mes jeux refusant ses douceurs, N’a point sur mon esprit répandu ses erreurs. Je l’ai vu… je le vois… il vient… cruel, arrête ! Quel est ce fer sanglant que tu tiens sur ma tête ? 11 me montre sa tombe, il m’appelle, et son sang Ruisselle sur ce marbre, et coule de son flanc. Eh bien ! m’entraînes-tu dans l’éternel abîme ? Portes-tu le trépas ? Viens-tu punir le crime’ ?

ZÉLOMDE.

Pour un hymen, ô ciel ! quel appareil aflfreux !

Ce jour semblait pour vous des jours le plus heureux.

LP.IPHÏLE.

Qu’on détruise à jamais ces pompes solennelles. Quelles mains s’uniraient à mes mains criminelles ? Je ne puis…

ZÉLOMDE.

Hermogide, en ce palais rendu, S’attendait aujourd’hui…

ÉR IPHYI.E.

Quel nom prononces-tu ? Hermogide, grands dieux ! lui de qui la furie Empoisonna les jours de ma fatale vie ; Hermogide ! ah ! sans lui, sans ses indignes feux, Mon cœur, mon triste cœur eût été vertueux.

ZÉLONIDE.

Quoi : toujours le remords vous presse et vous tourmente ?

ÉRIPHVLE.

Pardonne, Amphiaraiis, pardonne, ombre sanglante ! Cesse de m’elfrayer du sein de ce tombeau : Je n’ai point dans tes flancs enfoncé le couteau ; Je n’ai point consenti… que dis-je ? misérable !

ZÉLOMDE.

De la mort d’un époux vous n’êtes point coupable. Pourquoi toujours d’un autre adopter les forfaits ?

ÉP.IPHYLE.

Ah ! je les ai permis : c’est moi qui les ai faits.

ZÉLOMDE,

Lorsque le roi périt, lorsque la destinée

1. Réminiscences d’Hamlet et de Macbeth. (G. A.)

Théâtre. I. 30