Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/493

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ACTl- II. SCK.M- m.

Mais, prête à le noiiiincr, ma juste |)r(’\(i}aiire Veut s’assurer ici de votre obéissaïK-c. J’ai de nommer un roi le dangereux lioiincnr : Faites plus, Alcméon, soyez son défenseur.

AI.CMKON.

I)"iui [)rix trop glorieux ma vie est honorée :

A vous servir, madame, elle fut consacrée.

  • Je vous devais mon sang, et (juand je lai versé,

♦Puisqu’il coula pour vous, je fus récompensé.

Mais telle est de mon sort la dure violence.

Qu’il faut que je vous tromi)e ou que je vous olfense.

Reine, je vais parler : des rois humiliés

Briguent votre suffrage et tombent à vos pieds ;

Tout vous rit : (pie pourrais-je, en ce séjour tranquille,

Vous offrir qu’un vain zèle et qu’un bras inutile ?

Laissez-moi fuir des lieux où le destin jaloux

Me ferait, malgré moi, trop coupable envers vous.

KRIPHYLE.

Vous me quittez : ù dieux 1 dans quel temps 1

ALCMÉON,

Les orages Ont cessé de gronder sur ces heureux rivages ; Ma main les écarta. La Grèce en ce grand jour Va voir enfin l’FIymen, et peut-être l’Amour, Par votre auguste voix nommer un nouveau maître. Reine, jusqu’aujourd’hui vous avez pu connaître Quelle fidélité m’attachait à vos lois. Quel zèle inaltérable échauffait mes exploits. J’espérais à jamais vivre sous votre empire : Mes vœux pourraient changer, et j’ose ici vous dire Que cet heureux époux, sur ce trône monté, Éprouverait en moi moins de fidélité ; Et qu’un sujet soumis, dévoué, plein de zèle. Peut-être à d’autres lois deviendrait un rebelle,

ÉrUPHYLE.

Vous, vivre loin de moi ? vous, quitter mes États ? La vertu m’est trop chère, ah ! ne me fuyez pas. Que craignez-vous ? parlez : il faut ne me rien taire.

ALCMÉON.

Je ne dois point lever un regard téméraire

Sur les secrets du trône, et sur ces nouveaux nœuds

Préparés par vos mains pour un roi trop heureux.