. . . . . . . . . . . . . Il est tout vrai, j’aime en votre palais ;
Chez vous est la beauté qui fait tous mes souhaits.
Vous l’aimez à l’égal d’Antigone et d’Ismène ;
Elle tient même rang chez vous et chez la reine ;
En un mot, c’est leur sœur, la princesse Dircé,
Dont les yeux…
Œdipe répond :
Quoi ! ses yeux, prince, vous ont blessé ?
Je suis fâché pour vous que la reine sa mère
Ait su vous prévenir pour un fils de son frère.
Ma parole est donnée, et je n’y puis plus rien :
Mais je crois qu’après tout ses sœurs la valent bien.
Antigone est parfaite, Ismène est admirable :
Dircé, si vous voulez, n’a rien de comparable ;
Elles sont l’une et l’autre un chef-d’œuvre des cieux ;
Mais. . . . . . . . . . . . .
Ce n’est pas offenser deux si charmantes sœurs
Que voir en leur aînée aussi quelques douceurs.
Il faut avouer que les discours de Guillot-Gorju et de Tabarin ne sont guère différents.
Cependant l’ombre de Laïus demande un prince ou une princesse de son sang pour victime : Dircé, seul reste du sang de ce roi, est prête à s’immoler sur le tombeau de son père ; Thésée, qui veut mourir pour elle, lui fait accroire qu’il est son frère, et ne laisse pas de lui parler d’amour, malgré la nouvelle parenté[1] :
J’ai mêmes yeux encore, et vous mêmes appas. . . . . .
Mon cœur n’écoute point ce que le sang veut dire ;
C’est d’amour qu’il gémit, c’est d’amour qu’il soupire ;
Et, pour pouvoir sans crime en goûter la douceur,
Il se révolte exprès contre le nom de sœur.
Cependant, qui le croirait ? Thésée, dans cette même scène, se lasse de son stratagème. Il ne peut pas soutenir plus longtemps le personnage de frère ; et sans attendre que le frère de Dircé soit connu, il lui avoue toute la feinte, et la remet par là dans le péril dont il voulait la tirer, en lui disant pourtant que
. . . L’amour, pour défendre une si chère vie,
Peut faire vanité d’un peu de tromperie.
- ↑ Acte IV, scène ire.