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ZAÏRE.



Scène III.

OROSMANE, ZAÏRE, FATIME, CORASMIN..
Corasmin.

Cet esclave chrétien
Qui sur sa foi, seigneur, a passé dans la France,
Revient au moment même, et demande audience.

Fatime.

Ô ciel !

Orosmane.

Il peut entrer. Pourquoi ne vient-il pas ?

Corasmin.

Dans la première enceinte il arrête ses pas.
Seigneur, je n’ai pas cru qu’aux regards de son maître,
Dans ces augustes lieux un chrétien pût paraître.

Orosmane.

Qu’il paraisse. En tous lieux, sans manquer de respect,
Chacun peut désormais jouir de mon aspect.
Je vois avec mépris ces maximes terribles
Qui font de tant de rois des tyrans invisibles.



Scène IV.

OROSMANE, ZAÏRE, FATIME, CORASMIN, NÉRESTAN.
Nérestan.

Respectable ennemi qu’estiment les chrétiens,
Je reviens dégager mes serments et les tiens ;
J’ai satisfait à tout ; c’est à toi d’y souscrire ;
Je te fais apporter la rançon de Zaïre,
Et celle de Fatime, et de dix chevaliers,
Dans les murs de Solyme illustres prisonniers.
Leur liberté par moi trop longtemps retardée,
Quand je reparaîtrais leur dut être accordée :
Sultan, tiens ta parole ; ils ne sont plus à toi,
Et dès ce moment même ils sont libres par moi.