Qu’eussé-je été sans lui ? Rien que le fils d’un roi[1],
Rien qu’un prince vulgaire, et je serais peut-être
Esclave de mes sens, dont il m’a rendu maître.
Ainsi donc désormais, sans plainte et sans courroux,
Vous reverrez Jocaste et son nouvel époux ?
Comment ! Que dites-vous ? Un nouvel hyménée…
Œdipe à cette reine a joint sa destinée.
Œdipe est trop heureux ! Je n’en suis point surpris ;
Et qui sauva son peuple est digne d’un tel prix :
Le ciel est juste.
Tout le peuple avec lui, conduit par le grand-prêtre,
Vient des dieux irrités conjurer les rigueurs.
Je me sens attendri, je partage leurs pleurs.
Ô toi, du haut des cieux, veille sur ta patrie ;
Exauce en sa faveur un ami qui te prie ;
Hercule, sois le dieu de tes concitoyens ;
Que leurs vœux jusqu’à toi montent avec les miens !
Scène II.
Esprits contagieux, tyrans de cet empire,
Qui soufflez dans ces murs la mort qu’on y respire,
Redoublez contre nous votre lente fureur,
Et d’un trépas trop long épargnez-nous l’horreur.
Frappez, dieux tout-puissants ; vos victimes sont prêtes :
Ô monts, écrasez-nous… cieux, tombez sur nos têtes !
Ô mort, nous implorons ton funeste secours !
- ↑ À la première représentation ce vers fut applaudi avec transport.