Mais, dites-moi si vos princes chrétiens d’Europe payent à votre Italien à proportion de ma taxe.
Non ; la moitié de cette Europe s’est séparée de lui, et ne le paye point : l’autre moitié paye le moins qu’elle peut.
Vous me disiez ces jours passés qu’il était maître d’un assez joli pays.
Oui ; mais ce domaine lui produit peu : il est en friche.
Le pauvre homme ! il ne sait pas faire cultiver sa terre, et il prétend gouverner les miennes !
Autrefois, dans un de nos conciles, c’est-à-dire dans un de nos sénats de prêtres, qui se tenait dans une ville nommée Constance, notre saint-père fit proposer une taxe nouvelle pour soutenir sa dignité. L’assemblée répondit qu’il n’avait qu’à faire labourer son domaine ; mais il s’en donna bien de garde : il aima mieux vivre du produit de ceux qui labourent dans d’autres royaumes. Il lui parut que cette manière de vivre avait plus de grandeur.
Oh bien ! allez lui dire que non-seulement je fais labourer chez moi, mais que je laboure moi-même ; et je doute fort que ce soit pour lui.
Ah ! sainte Vierge Marie ! je suis pris pour dupe.
Partez vite, j’ai été trop indulgent.
Je vous avais bien dit que l’empereur, tout bon qu’il est, avait plus d’esprit que vous et moi.
Il est assez singulier que les Églises protestantes se soient réunies à crier que le purgatoire fut inventé par les moines. Il est bien vrai qu’ils inventèrent l’art d’attraper de l’argent des
- ↑ Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)