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PURGATOIRE.

ânerie prétendent qu’on veut parler d’Antiochus Eupator ; mais ni Épiphane ni Eupator ne fut lapidé.

Ailleurs, l’auteur dit[1] qu’un autre Antiochus (le grand) fut pris par les Romains, et qu’ils donnèrent à Eumènes les Indes et la Médie. Autant vaudrait-il dire que François Ier fit prisonnier Henri VIII, et qu’il donna la Turquie au duc de Savoie. C’est insulter le Saint-Esprit d’imaginer qu’il ait dicté des absurdités si dégoûtantes.

Le même auteur dit[2] que les Romains avaient conquis les Galates ; mais ils ne conquirent la Galatie que plus de cent ans après. Donc le malheureux romancier n’écrivait que plus d’un siècle après le temps où l’on suppose qu’il a écrit ; et il en est ainsi de presque tous les livres juifs, à ce que disent les incrédules.

Le même auteur dit[3] que les Romains nommaient tous les ans un chef du sénat. Voilà un homme bien instruit ! il ne savait pas seulement que Rome avait deux consuls. Quelle foi pouvons-nous ajouter, disent les incrédules, à ces rapsodies de contes puérils, entassés sans ordre et sans choix par les plus ignorants et les plus imbéciles des hommes ? Quelle honte de les croire ! quelle barbarie de cannibales d’avoir persécuté des hommes sensés pour les forcer à faire semblant de croire des pauvretés pour lesquelles ils avaient le plus profond mépris ! Ainsi s’expriment des auteurs audacieux.

Notre réponse est que quelques méprises, qui viennent probablement des copistes, n’empêchent point que le fond ne soit très-vrai ; que le Saint-Esprit a inspiré l’auteur, et non les copistes ; que si le concile de Laodicée a rejeté les Machabées, ils ont été admis par le concile de Trente, dans lequel il y eut jusqu’à des jésuites ; qu’ils sont reçus dans toute l’Église romaine, et que par conséquent nous devons les recevoir avec soumission.

DE L’ORIGINE DU PURGATOIRE.

Il est certain que ceux qui admirent le purgatoire dans la primitive Église furent traités d’hérétiques ; on condamna les simoniens, qui admettaient la purgation des âmes. Ψυϰήν ϰαθαρόν[4].

Saint Augustin condamna depuis les origénistes qui tenaient pour ce dogme.

  1. Livre I, chapitre viii, v. 7 et 8. (Note de Voltaire.)
  2. Livre I, chapitre viii, v. 2 et 3. (Id.)
  3. Ibid., v. 15 et 16. (Id.)
  4. Livre des Hérésies, chapitre xxii. (Id.)