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SYMBOLE.

plus de quatre cents années. Le peuple dit que Paris n’a pas été bâti en un jour ; le peuple a souvent raison dans ses proverbes. Les apôtres eurent notre symbole dans le cœur, mais ils ne le mirent point par écrit. On en forma un du temps de saint Irénée, qui ne ressemble point à celui que nous récitons. Notre symbole tel qu’il est aujourd’hui, est constamment du ve siècle. Il est postérieur à celui de Nicée. L’article qui dit que Jésus descendit aux enfers, celui qui parle de la communion des saints, ne se trouvent dans aucun des symboles qui précédèrent le nôtre. Et en effet, ni les Évangiles, ni les Actes des apôtres, ne disent que Jésus descendit dans l’enfer. Mais c’était une opinion établie dès le iiie siècle, que Jésus était descendu dans l’Hadès, dans le Tartare, mots que nous traduisons par celui d’enfer. L’enfer, en ce sens, n’est pas le mot hébreu scheol, qui veut dire le souterrain, la fosse. Et c’est pourquoi saint Athanase nous apprit depuis comment notre Sauveur était descendu dans les enfers. « Son humanité, dit-il, ne fut ni tout entière dans le sépulcre, ni tout entière dans l’enfer. Elle fut dans le sépulcre selon la chair, et dans l’enfer selon l’âme. »

Saint Thomas assure que les saints qui ressuscitèrent à la mort de Jésus-Christ moururent de nouveau pour ressusciter ensuite avec lui : c’est le sentiment le plus suivi. Toutes ces opinions sont absolument étrangères à la morale ; il faut être homme de bien, soit que les saints soient ressuscités deux fois, soit que Dieu ne les ait ressuscités qu’une. Notre symbole a été fait tard, je l’avoue ; mais la vertu est de toute éternité.

S’il est permis de citer des modernes dans une matière si grave, je rapporterai ici le Credo de l’abbé de Saint-Pierre, tel qu’il est écrit de sa main dans son livre sur la pureté de la religion, lequel n’a point été imprimé, et que j’ai copié fidèlement.

« Je crois en un seul Dieu, et je l’aime. Je crois qu’il illumine toute âme venant au monde, ainsi que le dit saint Jean. J’entends par là toute âme qui le cherche de bonne foi.

« Je crois en un seul Dieu, parce qu’il ne peut y avoir qu’une seule âme du grand tout, un seul être vivifiant, un formateur unique.

« Je crois en Dieu le père tout-puissant, parce qu’il est père commun de la nature et de tous les hommes, qui sont également ses enfants. Je crois que celui qui les fait tous naître également, qui arrangea les ressorts de notre vie de la même manière, qui leur a donné les mêmes principes de morale, aperçue par eux dès qu’ils réfléchissent, n’a mis aucune différence entre ses enfants que celle du crime et de la vertu.