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TESTICULES.
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sur le concile de Nicée[1], qui défend qu’on ordonne ceux qui se sont fait mutiler eux-mêmes. L’exemple d’Origène et de quelques enthousiastes attira cette défense. Elle fut confirmée au second concile d’Arles.

L’Église grecque n’exclut jamais de l’autel ceux à qui on avait fait l’opération d’Origène sans leur consentement.

Les patriarches de Constantinople, Nicélas, Ignace, Photius, Methodius, étaient eunuques. Aujourd’hui ce point de discipline a semblé demeurer indécis dans l’Église latine. Cependant l’opinion la plus commune est que si un eunuque reconnu se présentait pour être ordonné prêtre, il aurait besoin d’une dispense.

Le bannissement des eunuques du service des autels paraît contraire à l’esprit même de pureté et de chasteté que ce service exige. Il semble surtout que des eunuques qui confesseraient de beaux garçons et de belles filles seraient moins exposés aux tentations ; mais d’autres raisons de convenance et de bienséance ont déterminé ceux qui ont fait les lois.

Dans le Lévitique on exclut de l’autel tous les défauts corporels, les aveugles, les bossus, les manchots, les boiteux, les borgnes, les galeux, les teigneux, les nez trop longs, les nez camus, il n’est point parlé des eunuques ; il n’y en avait point chez les Juifs : ceux qui servirent d’eunuques dans les sérails de leurs rois étaient des étrangers[2].

On demande si un animal, un homme par exemple, peut avoir à la fois des testicules et des ovaires, ou ces glandes prises pour des ovaires, une verge et un clitoris, un prépuce et un vagin, en un mot si la nature peut faire de véritables hermaphrodites, et si un hermaphrodite peut faire un enfant à une fille et être engrossé par un garçon. Je réponds, à mon ordinaire, que je n’en sais rien, et que je ne connais pas la cent millième partie des choses que la nature peut opérer. Je crois bien qu’on n’a jamais vu naître dans notre Europe de véritables hermaphrodites. Aussi n’a-t-elle jamais produit ni éléphants, ni zèbres, ni girafes, ni autruches, ni aucun de ces animaux dont l’Asie, l’Afrique, l’Amérique, sont peuplées. Il est bien hardi de dire : Nous n’avons jamais vu ce phénomène, donc il est impossible qu’il existe.

Consultez l’Anatomie de Cheselden, page 34, vous y verrez la figure très-bien dessinée d’un animal homme et femme, nègre et négresse d’Angola, amené à Londres dans son enfance, et très-

  1. Canon iv. (Note de Voltaire.)
  2. Fin de l’article en 1772 ; le reste est de 1774. (B.)