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LES
LETTRES D’AMABED
TRADUITES PAR L’ABBÉ TAMPONET[1]


(1769)



PREMIÈRE LETTRE
D’AMABED À SHASTASID, GRAND BRAME DE MADURÉ.


À Bénarès, le second du mois de la souris, l’an du renouvellement du monde 115652[2].


Lumière de mon âme, père de mes pensées, toi qui conduis les hommes dans les voies de l’Éternel, à toi, savant Shastasid, respect et tendresse.

Je me suis déjà rendu la langue chinoise si familière, suivant tes sages conseils, que je lis avec fruit leurs cinq Kings, qui me semblent égaler en antiquité notre Shasta, dont tu es l’interprète, les sentences du premier Zoroastre, et les livres de l’Égyptien Thaut.

  1. Le nom de Tamponet, qu’on lit ici, est celui d’un docteur en Sorbonne qui avait censuré la thèse de l’abbé de Prades en 1752 : or, en ce moment, la Sorbonne s’apprêtait à condamner un autre ouvrage philosophique, le Bélisaire, de Marmontel. Le nom de Tamponet était donc bien à l’ordre du jour.

    On trouve encore, sous le nom de ce docteur, les Questions de Zapata.

  2. Cette date répond à l’année de notre ère vulgaire 1512, deux ans après qu’Alphonse d’Albuquerque eut pris Goa. Il faut savoir que les brames comptaient 111100 années depuis la rébellion et la chute des êtres célestes, et 4552 ans depuis la promulgation du Shasta, leur premier livre sacré : ce qui faisait 115652 pour l’année correspondante à notre année 1512, temps auquel régnaient : Babar, dans le Mogol ; Ismael Sophi, en Perse ; Sélim, en Turquie : Maximilien Ier, en Allemagne : Louis XII, en France ; Jules II, à Rome ; Jeanne la Folle, en Espagne ; Emmanuel, en Portugal. (Note de Voltaire.)