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liers de l’université de Salamanque, qui se trouvaient dans Barcelone, voulurent être éclairés. La plupart le furent bientôt. Il n’y en eut qu’un seul nommé don Inigo y Medroso y Comodios y Papalamiendo, qui fut un peu rétif.

Voici le précis de la dispute honnête que notre cher ami Freind et le bachelier don Papalamiendo eurent ensemble en présence de milord Peterborough. On appela cette conversation familière le dialogue des Mais. Vous verrez aisément pourquoi, en le lisant.


CHAPITRE III.

PRÉCIS DE LA CONTROVERSE DES MAIS ENTRE M. FREIND ET DON INIGO Y MEDROSO Y COMODIOS Y PAPALAMIENDO, BACHELIER DE SALAMANQUE.


LE BACHELIER.

Mais, monsieur, malgré toutes les belles choses que vous venez de me dire, vous m’avouerez que votre Église anglicane, si respectable, n’existait pas avant don Luther et avant don Oecolampade. Vous êtes tout nouveaux, donc vous n’êtes pas de la maison.

FREIND.

C’est comme si on me disait que je ne suis pas le petit-fils de mon grand-père, parce qu’un collatéral, demeurant en Italie, s’était emparé de son testament et de mes titres. Je les ai heureusement retrouvés, et il est clair que je suis le petit-fils de mon grand-père. Nous sommes, vous et moi, de la même famille, à cela près que nous autres Anglais nous lisons le testament de notre grand-père dans notre propre langue, et qu’il vous est défendu de le lire dans la vôtre. Vous êtes esclaves d’un étranger, et nous ne sommes soumis qu’à notre raison.

LE BACHELIER.

Mais si votre raison vous égare ?… car enfin vous ne croyez point à notre université de Salamanque, laquelle a déclaré l’infaillibilité du pape, et son droit incontestable sur le passé, le présent, le futur, et le paulo-post-futur.

FREIND.

Hélas ! les apôtres n’y croyaient pas non plus. Il est écrit que ce Pierre, qui renia son maître Jésus, fut sévèrement tancé par Paul. Je n’examine point ici lequel des deux avait tort ; ils l’avaient peut-être tous deux, comme il arrive dans presque toutes les querelles ; mais enfin il n’y a pas un seul endroit dans les Actes des