Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome21.djvu/56

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niâtre qui ne voulait point d’autre prix de son remède. Cosi-Sancta n’avait point de mari à consulter ; et le moyen de laisser mourir un fils qu’elle adorait, faute du plus petit secours du monde qu’elle pouvait lui donner ! Elle était aussi bonne mère que bonne sœur. Elle acheta le remède au prix qu’on voulut : et ce fut la dernière des trois fois.

Elle revint à Hippone avec son frère, qui ne cessait de la remercier, durant le chemin, du courage avec lequel elle lui avait sauvé la vie.


Ainsi Cosi-Sancta, pour avoir été trop sage, fit périr son amant et condamner à mort son mari, et, pour avoir été complaisante, conserva les jours de son frère, de son fils et de son mari. On trouva qu’une pareille femme était fort nécessaire dans une famille ; on la canonisa après sa mort, pour avoir fait tant de bien à ses parents en se mortifiant, et l’on grava sur son tombeau :

UN PETIT MAL POUR UN GRAND BIEN.
FIN DE L’HISTOIRE DE COSI-SANCTA.