Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome23.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
LETTRE DU ROI A LA CZARINE.

en voyant que vous travaillez au bonheur des autres, sentiront augmenter, s’il se peut, leur vénération pour leur souveraine ; et votre règne en sera plus heureux quand les acclamations de l’Europe redoubleront les bénédictions qu’on vous donne dans vos États.

Non-seulement, madame, j’accepte avec une vive reconnaissance cette médiation glorieuse, mais plus la guerre est heureuse pour moi, plus je vous conjure d’employer tous vos bons offices pour la terminer. Mes peuples, que j’aime, et dont je me flatte d’être aimé, vous devront la conservation du sang qu’ils sont toujours prêts à répandre pour ma cause.

Commencez et achevez ce grand ouvrage, qui vous couvrira d’une gloire immortelle. Ne vous bornez point, madame, aux simples propositions dictées par votre âme généreuse ; aplanissez tous les obstacles, et soyez sûre de n’en trouver aucun dans moi. Tous les autres princes doivent concourir, sans doute, à ce noble projet. L’humanité, les malheurs de tant de provinces, le respect qu’ils ont pour vos vertus, les engagera à vous déférer avec empressement ce titre de médiatrice de l’Europe, le plus beau qu’une tête couronnée puisse obtenir, et le seul qui pouvait manquer à votre gloire.

Mais aucun d’eux ne sentira mieux que moi le prix que votre personne y ajoute, ni quel est le bonheur de vous devoir ce que tous les souverains doivent désirer le plus[1].

FIN DE LA LETTRE.
  1. La Lettre critique d’une belle dame à un beau monsieur de Paris, sur le poëme de la bataille de Fontenoy, qui, dans l’édition de Beuchot, suit cette pièce, se trouve au tome VIII, page 397.