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COMPLIMENT
fait au roi le 21 février 1749

SUR LA PAIX CONCLUE AVEC LA REINE DE HONGRIE ET DE BOHÊME
IMPÉRATRICE, ET LE ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE
par
M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU[1]
DIRECTEUR DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.


Sire,

L’Académie, destinée à célébrer la véritable gloire, n’a jamais eu de plus digne objet de ses soins. Faible interprète de ses sentiments, je dois l’honneur qu’elle m’a fait au bonheur dont je jouis d’être plus à portée de connaître cette grande âme, le principe de ce que nous admirons.

Témoin des actions héroïques de Votre Majesté, comme de la simplicité qui les embellit, je vous ai vu, sire, dans les batailles, préparer par des victoires cette paix qu’on s’obstinait à ne pas accepter ; cette paix, le fruit de votre modération et de la fidélité à vos promesses ; cette paix, que l’amour du bien public a dictée, et que la reconnaissance doit bénir à jamais,

  1. Longchamp, dans ses Mémoires sur Voltaire, publiés en 1826, raconte que Richelieu, chargé par l’Académie de complimenter Louis XV à l’occasion de la paix d’Aix-la-Chapelle, signée le 18 octobre 1748, s’adressa à Voltaire pour avoir un petit discours. Voltaire l’écrivit sur-le-champ ; mais, avant de l’envoyer à Richelieu, il le fit passer à Mme  du Châtelet. Cette dame, au moment où elle reçut le manuscrit, était à sa toilette, et avait près d’elle la marquise de Boufflers. Cette dernière, après en avoir pris lecture, en fit une copie qu’elle communiqua le lendemain à plusieurs amis. Les copies se multiplièrent, et (si l’on en croit Longchamp) le jour même où il devait débiter son discours, Richelieu ayant entendu des courtisans le réciter, il ne le prononça pas. Cependant les recueils de l’Académie donnent le discours comme prononcé par Richelieu au nom de l’Académie ; et tout en rejetant la fin du récit de Longchamp, il est permis d’en adopter la première partie. (B.)