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DE L’IMPÔT DU VINGTIÈME.

aura produit un très-grand bien à tout le monde. Le peuple le plus heureux est celui qui paye le plus et qui travaille le plus, quand il paye et travaille pour lui-même.

Voilà, monsieur, à peu près ce qui fut dit chez vous. Je soumets ces idées au jugement de tous les bons citoyens.

J’ajouterai qu’on m’a assuré que le roi avait proposé lui-même de diminuer les dépenses de sa propre maison ; mais que produirait cet excès de bonté ? le retranchement peut-être d’un million par an. L’Angleterre payerait-elle ses dettes en diminuant la liste civile de son roi d’environ cinquante mille guinées ?

Il y aurait, j’ose le dire, bien peu de justice et de raison à prétendre que les dettes de la nation pussent ôtre payées autrement que par la nation. Ce que j’ai vu dans les pays étrangers, ce que j’ai examiné depuis 1715, m’a pénétré de cette vérité : je ne prétends, en parlant ainsi, ni déplaire à personne, ni faire ma cour à personne. Je parle en bon citoyen qui aime sa patrie : c’est l’aimer sans doute que de la vouloir florissante, et il me paraît démontré qu’elle ne peut l’être qu’en se secourant elle-même.

FIN DE LA LETTRE À L’OCCASION DU VINGTIÈME.