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CONNAISSANCE
DES BEAUTÉS ET DES DÉFAUTS
DE LA POÉSIE ET DE L’ÉLOQUENCE
DANS LA LANGUE FRANÇAISE[1].

(1749)

Ayant accompagné en France plusieurs jeunes étrangers, j’ai toujours tâché de leur inspirer le bon goût, qui est si cultivé dans notre nation, et de leur faire lire avec fruit les meilleurs auteurs. C’est dans cet esprit que j’ai fait ce recueil, pour l’utilité de ceux

  1. Voici le titre de la première édition de cet ouvrage : Connaissance des bautez (sic) et des défauts de la poésie et de l’éloquence dans la langue française, à l’usage des jeunes gens et surtout des étrangers, avec des exemples, par ordre alphabétique, par M. D****, 1749, in-12, portant l’adresse de Londres, mais qui est peut-être de Hollande. Une réimpression de 1750 est intitulée Connaissance des beautez, etc., M. Renouard cite une édition de la Haye, 1751, petit in-8o, « avec une préface et un demi-volume de notes remplies d’invectives et d’injures ». À la page 123 de l’édition originale (au mot Grandeur de Dieu, voyez page 382), l’auteur, citant un passage de Voltaire, dit : « C’est après une description philosophique des cieux, qui n’est que de mon sujet. » Le Mercure d’octobre 1749 remarqua que cette expression donnait à penser que l’ouvrage nouveau était de Voltaire ; et c’est aussi sur cette expression que Larcher (Réponse à la Défense de mon oncle, page 16) s’appuie pour donner l’ouvrage à Voltaire. Le Mercure rejette bien loin cette idée. Que ce soit inadvertance de Voltaire caché sous l’initiale D****, ou intention de M. D****, une lettre signée D**** (et qu’on trouvera ci-après, à la suite de l’ouvrage) parut dans le Mercure, premier volume de décembre 1749, p. 170, pour se disculper de cette intention, et pour réclamer à grands cris l’ouvrage. Si M. D… (que quelques personnes disent être Dumolard) était réellement l’auteur, il devait se nommer pour dissiper pleinement les doutes et le ridicule qui en résultait pour Voltaire, de s’être mis au-dessus de tous les poëtes dont il parle. Voltaire désavoue formellement l’ouvrage dans une lettre à Kœnig, de juin 1753, et dit même ne l’avoir jamais lu. Les éditeurs de Kehl (voyez leur Avertissement, page 314) le donnent comme étant fait sous ses yeux par un de ses élèves. Voici quelques remarques qui, en résultat, permettent de rester dans le doute.

    Au mot Amour, Voltaire, parlant de la prose poétique, emploie ces mots :