Le hasard m’a fait tomber entre les mains un des scandales ridicules de ce siècle : c’est le Mémoire de Guyot-Desfontaines. Je l’ai brûlé, en attendant mieux. Ce serait bien la chose la plus plaisante, si ce n’était la plus révoltante, qu’un Guyot-Desfontaines se plaigne qu’on lui a dit des injures.
Quis tulerit Gracchos de seditione querentes[2] ?
J’admire la modestie de ce bonhomme ; il se compare à Despréaux, parce qu’il a fait un livre en vers[3], et les Seconds Voyages de Gulliver[4], et l’Histoire de Pologne[5], et des Observations sur les écrits modernes[6] ; enfin, parce qu’il a écrit autant que l’abbé Bordelon[7]. Il se dit homme de qualité, parce qu’il a un frère auditeur des comptes à Rouen. Il s’intitule homme de bonnes mœurs, parce qu’il n’a été, dit-il, que peu de jours au Châtelet et à Bicêtre. Il dit qu’il va toujours avec un laquais ; mais il n’articule point si ce laquais hardi est devant ou derrière, et ce n’est pas le cas de prétendre qu’il n’importe guère[8].
- ↑ J’ai cru cet opuscule plus convenablement placé dans les Mélanges que dans la Correspondance, où il a été jusqu’à ce jour. Le Mémoire de Desfontaines, qui en est l’objet, fut sans doute publié dans le procès commencé à l’occasion de la Voltairomanie, mais qui ne fut pas continué. (B.) — Voyez la note, tome XXII, page 371.
- ↑ Juvénal, II, 24.
- ↑ Poésies sacrées : voyez la note 1, tome XXII, page 380.
- ↑ Le Nouveau Gulliver. Paris, 1730. deux volumes in-12.
- ↑ Histoire des révolutions de Pologne jusqu’à la mort d’Auguste II, 1735, deux volumes in-12. Desfontaines revit seulement cet ouvrage, qui est des avocats Georgeon et Poullin. (B.)
- ↑ Voyez la note 2, tome XXII, page 372.
- ↑ Laurent Bordelon, mort en 1730.
- ↑
........Dom Zapata Pascal
Ou Pascal Zapata, car il n’importe guère
Que Pascal soit devant ou Pascal soit derrière.
(Scarron, Dom Japhet d’Arménie, acte II, scène i.)