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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome23.djvu/401

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LANGAGE.

Il fallait que le bonheur de mes armes.

Quoi ! de la même main et de la même épée,[1]
Dans un tel désespoir à vos yeux a passé.

Comment peut-on passer d’une main et d’une épée dans un désespoir ?

Quelques soins qu’ait César.[2]

On prend des soins, on a soin de quelque chose, on agit avec soin ; mais on ne peut dire, en général, avoir des soins.

Pour de ce grand dessein assurer le succès[3].

Cette inversion n’est pas permise. On en sent la raison. Elle vient de la dureté de ces deux monosyllabes pour de.

Ainsi que la naissance ils ont les esprits bas[4].

Il fallait ils ont l’esprit bas, surtout naissance étant au singulier.

De quoi peut satisfaire un cœur si généreux[5],
Le sang abject et vil de ces deux malheureux.

De quoi peut satisfaire n’est pas français ; il fallait comment ou en quoi.

J’en ai déjà parlé ; mais il a su gauchir[6].

Gauchir est un terme trop peu noble.

C’est ce glorieux titre à présent effectif[7].

Effectif est un terme de barreau.

À mes vœux innocents sont autant d’ennemis[8].

Il fallait de mes vœux ; on n’est pas ennemi à, on est ennemi de.

Permettez cependant qu’à ces douces amorces[9]
Je prenne un nouveau cœur et de nouvelles forces.

  1. Acte IV, scène ire, v. 1 et 4.
  2. Ibid., 73.
  3. Ibid., 104.
  4. Ibid., 15.
  5. Ibid., 43-44.
  6. Acte IV, scène ire, 52.
  7. Ibid., scène iii, 39.
  8. Ibid., 56.
  9. Ibid., 93-94.