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ET HONNÊTE. 14:3

que toute la terre avait les yeux sur Mahomet avant qu'il s'avisùt de deveuir prophète.

IV. J'ai dit que Mahomet enseignait aux Arahes, adorateur des étoiles, qu'il ne fallait adorer que le dieu qui les a faites '. Je suis fâché d'être obligé d'avouer ici que j'ai eu raison : car malheu- reusement le mot Suliba en arabe signifie Vannée des deux: et c'est de là que \cSabbisme prit son nom, et que vient chez les Hébreux le mot Sabbahot, comme je crois l'avoir prouvé ci-dessus-. Les Aral)os adoraient Mlsam, le Soleil ; Mostari, Jupiter ; Azad, Mercure.

Je u"ai dit nulle part qu'ils n'avaient point d'autres dieux; je suis même si savant que j'affirme qu'ils avaient des déesses.

Je sais encore qu'ils adoraient un premier moteur, comme les Égyptiens, les Grecs, et les Romains, en reconnaissaient un, en adorant pourtant mille autres divinités. Mais j'ai dit que Mahomet leur enseigna à ne point rendre à la créature l'hommage qu'ils ne devaient qu'au créateur ^ j'ai eu très-grande raison, et j'en suis fort affligé pour l'Aralje savant et poli qui me critique, et que je reconnais pour mon maître.

V. Non, sans doute, il n'y a point de passage de VAlcoron qui impose l'obligation do courir au martyre ; mais tout X'Alcoran respire la nécessité de combattre pour la croyance musulmane : c'est là l'unique source des victoires de Mahomet ; c'est cet enthou- siasme qui fit de ses sectateurs un peuple de conquérants. Il était perdu s'il n'avait pas fait à ses musulmans un devoir de verser leur sang pour sa religion.

Ainsi, dans une bataille contre Tarmée d'Héraclius, lorsque les Arabes plièrent sur la nouvelle que leur général Dérar avait été fait prisonnier, Rasi, un de leurs capitaines, courut à eux : « Qu'importe, leur dit-il, que Dérar soit pris ou mort? Dieu est vivant, et vous regarde \ »

Un autre général s'écrie : a Voyez le ciel, combattez pour Dieu, et il vous donnera la terre. » Aujourd'hui même encore, chez les Turcs, on appelle martyrs tous ceux qui meurent en coml)attant contre les infidèles. Telle est la loi que Mahomet a gravée dans leurs cœurs, beaucoup mieux que s'il l'eût écrite.

1. Dans les premières éditions, Voltaire disait de Mahomet: « Il enseignait aux Arabes, adorateurs des étoiles, qu'il ne fallait adorer que le dieu qui les a faites. » Voltaire a, depuis, entièrement refondu le chapitre où il parlait du maho- métisme; voyez ce qu'il dit du culte des astres en Arabie, tome XI, page 204.

2. Voltaire n'en a pas parlé.

3. Voyez la note première ci-dessus.

4. Voyez tome XI, page 212.

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