Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

182 ANECDOTES

Il paraît que les Anecdotes sxr Frernn firent du bruit en 1777, et qu'on les attribuait de nouveau à La Harpe ; Voltaire lui en parle dans sa lettre du 8 avril 1777.

P.-D.-E. Le Brun (tome VI de ses Œuvres, page 24) regrette de ne pas trouver, dans les Anecdotes sur Fréron, l'aventure d'une montre extorquée à Piron, et promet de la donner dans la Wasprie, qu'il publia en 1761, deux vol. in-12; mais il n'a pas tenu sa promesse.

C'est d'après l'édition de 1770, la dernière qui me soit connue, que je réimprime les Anecdotes sur Fréron. Je regrette de n'avoir pu me procurer les éditions de HGL II est à croire toutefois qu'elles ne peuvent pas fournir de variantes, et que l'auteur n'y fit pas d'additions, puisqu'il n'a pas fait usage de l'anecdote de Le Brun.

B.

��ANECDOTES SUR FRÉRON.

Élie-Catherin Fréron est né à Quimper-Corentin ^ ; son père était orfèvre. Voici un fait qu'on m'a assuré, mais dont je n'ai pas la certitude : on prétend que le père de Fréron a été obligé, plu- sieurs années avant sa mort, de quitter sa profession pour avoir mis de l'alliage plus que de raison dans l'or et l'argent.

Fréron commença ses études à Quimper, et fit sa rhétorique à Paris sous Je P. Porée. Un oncle qu'il avait aux environs de la rue Saint-Jacques lui donna un asile dans sa maison, et s'en défit en faveur des jésuites, qui le mirent dans leur noviciat, rue Pot- de-fer, Ils le nommèrent ensuite régent en sixième au collège de Louis le Grand. Il y resta deux ans et demi, et sa conduite ayant trop éclaté, ils l'envoyèrent à Alençon, d'où il quitta tout à fait la société.

Je me souviens d'avoir entendu dire à Fréron, au café de Vi- seux, rue Mazarine, en présence de quatre ou cinq personnes, après un dîner où il avait beaucoup bu, qu'étant jésuite il avait été l'agent et Xapaticnt. Comme je ne veux dire que ce que je sais bien certainement, je ne rapporterai pas tout ce qu'on m'a ra- conté de ses friponneries, vols et sacrilèges, lorsqu'il portait l'ha- bit de jésuite.

Chassé de la société, Fréron se lia avec l'abbé Desfontaines, chassé des jésuites comme lui, qui l'employa à son journal-,

��1. ISé en 1710, mort à Montrougc le 10 mars HTC».

2. Observations sur les écrits modernes; voj-ez, tome XXII, la note 2 do la page 372.

�� �