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IDÉES
RÉPUBLICAINES
PAR UN MEMBRE D’UN CORPS[1].




I.

Le pur despotisme est le châtiment de la mauvaise conduite des hommes. Si une communauté d’hommes est maîtrisée par un seul ou par quelques-uns, c’est visiblement parce qu’elle n’a eu ni le courage ni l’habileté de se gouverner elle-même.

II.

Une société d’hommes gouvernée arbitrairement ressemble parfaitement à une troupe de bœufs mis au joug pour le service du maître. Il ne les nourrit qu’afin qu’ils soient en état de le servir ; il ne les panse dans leurs maladies qu’afin qu’ils lui soient utiles en santé ; il les engraisse pour se nourrir de leur substance ; et il se sert de la peau des uns pour atteler les autres à la charrue.

III.

Un peuple est ainsi subjugué ou par un compatriote habile, qui a profité de son imbécillité et de ses divisions, ou par un voleur appelé conquérant, qui est venu avec d’autres voleurs

  1. Les éditeurs de Kehl avaient intitulé cet écrit Idées républicaines, par un citoyen de Genève. Je le donne sous le titre que porte l’édition originale in-8o, sans date, mais qui doit être de 1762, année de la publication du Contrat social, dont les Idées républicaines sont une critique. Il me semble que c’est une erreur d’avoir daté cet opuscule de 1765.

    J’ai rétabli les paragraphes li à lx, d’après l’édition originale : c’est sans doute parce que ces paragraphes se retrouvent en partie dans le Commentaire sur l’Esprit des lois qu’on les avait retranchés.

    C’est aussi d’après l’édition originale que j’ai subdivisé en plusieurs paragraphes ce qui, dans les éditions de Kehl et autres, n’en forme qu’un seul. (B.)