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DU TABLEAU HISTORIQUE. 479

mahométans ne sont que ridicules; et cette critique ne mérite pas de réponse.

VI. — DE MAHOMET.

A l'égard de Mahomet, il est assez inutile de savoir s'il était fils du dixième ou du douzième enfant d'Abdalla-Moutaleb, et combien de temps il fut facteur de la veuve Cadige, qu'il épousa depuis. Quelques-uns pensent qu'il ne savait ni lire ni écrire; et cela même augmentait le prodige des ses succès : ils se fondent sur des passages de VAlcorcui, où Mahomet s'appelle prophète ignorant, où il insinue qu'il ne sait pas écrire. Le sens de ces pas- sages est probablement que par lui-même il était ignorant, inca- pable de bien lire et de bien écrire, et que l'ange Gabriel l'élevait au-dessus de lui-même. Il n'est guère possible qu'un marchand, devenu législateur, qui était poète et médecin, et qui, avant de mourir, demanda qu'en lui apportât de quoi écrire, ne sût pas ce que savaient les enfants de la Mecque.

VII. — DE CAL VI. M.

Ce qui regarde le christianisme est un point plus délicat: l'auteur n'en a jamais parlé en théologien ; il s'en est tenu à la fidélité de l'histoire. Il a dit les faits ; c'est aux lecteurs sages à porter leur jugement. Si Calvin a eu la barbarie de faire expirer Servet dans les flammes, après avoir écrit qu'il ne faut persécuter personne pour l'opinion de Servet, il a bien fallu rapporter cette horreur, sans crainte de déplaire à un fanatique ou à un fripon; il a bien fallu de même avouer l'ambition, les débauches et les cruautés de plusieurs pontifes; ils étaient hommes, et on a écrit l'histoire des hommes : leurs vices relèvent les vertus des pontifes de nos jours.

VIII. — DE LA REINE CHRISTINE.

En examinant VEssai sur les Mœurs, etc., on a vu quelques lettres attribuées à la reine Christine^ : il y en a une au cardinal

1. Lettres secrètes de Christine, reine de Suède (par Lacombe), Genève, 1761; Paris, 1762, in-12. Dans l'édition de 1761, c'est aux pages 97 et suivantes qu'est le passage cité par Voltaire, dans lequel j'ai rétabli trois mots et indiqué les lacunes par des points. (B.J — Voltaire, qui n'exprime ici que des doutes sur l'authenticité de la lettre de Christine, les met ailleurs (voyez tome XVII, page 219) au nombre des lettres prétendues.

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