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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/96

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MÉMOIRE SUR UN LIBELLE.

4o Une autre prétendue lettre[1] écrite de Genève est encore un écrit anonyme faussement imputé aux Genevois, et ne montre qu’une intention formelle, quoique très-infructueuse, de semer la discorde entre la ville de Genève et M. de Voltaire, seigneur de deux terres aux portes de cette ville dans l’ancien dénombrement.

5o La prétendue dispute de M. de Voltaire avec M. Vernet, professeur en théologie, n’a jamais existé. M. de Voltaire est seigneur de la terre où M. le professeur Vernet a une maison de campagne ; et le brouillon qui a supposé un démêlé entre deux voisins et deux amis ne peut être qu’un perturbateur du repos public.

6o Le dernier mémoire anonyme[2] sur la mémoire de feu M. Saurin ne tend qu’à désoler une famille innocente des fautes du père, s’il en a fait, et à renouveler un scandale affreux que la prudence et la bonté de Leurs Excellences a daigné vouloir étouffer.

Le seul nom de l’éditeur rend bien suspect tout le reste de cet ouvrage de ténèbres, que je ne connais pas entièrement, et dont je n’ai vu que quelques fragments et quelques titres, tous faux et calomnieux. C’est un nommé Grasset, Genevois, convaincu d’avoir volé MM. Cramer. Je joins ici le certificat[3] que Grasset a été décrété de prise de corps à Genève. Je me réserve le droit de le poursuivre en justice. C’est une vaine excuse de dire que son libelle est extrait d’autres libelles. Des personnalités calomnieuses sont punissables, et il est faux que toutes les pièces de ce recueil soient tirées d’autres brochures, puisque les dernières lettres sur Saurin sont nouvelles.

Je requiers que cette déclaration signée de ma main, ensemble le certificat des sieurs Cramer, et autres pièces probantes que je

  1. C’est la lettre de Vernet, qui est l’objet de la note, page 303 du tome XII.
  2. Voltaire désigne ainsi la Lettre à l’occasion d’un article concernant Saurin du 23 septembre 1758, en réponse à laquelle il composa la Réfutation d’un écrit anonyme ; voyez page 79.
  3. Voici ce certificat que Grasset (voyez la note 1 de la page précédente) n’avait pas reproduit dans les Pièces échappées :

    « Nous soussignés, déclarons que le nommé François Grasset nous ayant volé pendant l’espace de dix-huit ans ou à peu près, qu’il nous a servis en qualité de commis, le magnifique conseil nous fit demander, en 1750, une déclaration de tout ce qui s’était passé ; que nous nous conformâmes à cet ordre, et la donnâmes à M. l’auditeur Denormandie, en l’accompagnant de toutes les pièces qui pouvaient constater ses friponneries ; ensuite de quoi le mi-conseil le décréta de prise de corps. À Genève, le 30[sic] février 1759. Signé : Les Frères Cramer. »

    Ce certificat est celui dont Voltaire parle dans sa lettre à Haller, du 13 février 1759 ; voyez la Correspondance.