30G DOUTES SUR LE TESTAMENT
Vous semblcz penser que la Narration succincte fut écrite par ordre du cardinal de Richelieu, et que le Testament politique a été composé en partie par Dageant, et en partie par Bourzeis ou quelque autre ; si vous trouvez des raisons convaincantes pour vous rétracter, je vous promets de me rétracter aussi, et de me soumettre à votre jugement.
Aux Délices, près de Genève, 23" octobre 17G4.
��LETTRE
Écrite depuis ^ l'impression des Doutes.
En vous envoyant, monsieur, la réponse que j'ai faite à M. de Foncemagne, je n'en sens pas moins l'extrême futilité de la plu- part de CCS disputes. Il n'importe guère de qui soit un livre, pourvu qu'il soit bon. Notre véritable intérêt est d'y puiser des instructions: le nom de l'auteur n'est qu'un objet de curiosité. Que gagnerons-nous à savoir qui sont les faussaires qui ont fabri- qué les testaments de Louvois, de Colbert, du duc de Lorraine, du cardinal Albéroni, du maréchal de Belle-Isle ? Les testaments politiques sont devenus si fort à la mode qu'on a fait enfin celui de Mandrin-.
Lorsque le testament du cardinal Albéroni^ parut, je crus d'abord qu'il avait été publié par l'abbé de Montgon, parce qu'en effet il y a un chapitre sur l'Espagne beaucoup plus vrai et plus instructif que tout ce que j'ai lu dans toutes les rapsodies aux- quelles on a donné le nom de testament. Je souhaitai à l'auteur qu'il eût été couché sur celui du cardinal Albéroni pour quelque bonne pension : il se trouva que cet auteur était un capucin échappé de son couvent, à qui personne n'avait fait de legs, et qui, n'ayant pas de quoi subsister, faisait des testaments pour gagner sa vie.
M. de Bois-Guillebert s'avisa d'abord d'imprimer la Dlmc royale sous le nom de Testament politique du maréchal de Faw&an*: ce Bois- Guillebert, auteur du Détail de la France, en deux volumes, n'était pas sans mérite ; il avait une grande connaissance des finances du
1. Ou plutôt pendant Timpression des Doutes, puisqu'elle parut à leur suite dans la première édition. — Voyez la note, page 277.
2. Voyez les notes, tome XIX, page 30.
3. Voj^ez tome XXIV, page 11.
4. La Dime royale est bien l'œuvre de Vauban
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