Ah ! madame, vous êtes bien plus digne d’être à la tête de notre cour.
Madame aurait été trop dangereuse pour moi.
Consultez vos beaux miroirs faits avec du sable, et vous verrez que vous n’aurez rien à craindre. Eh bien ! monsieur, vous disiez donc le plus poliment du monde que vous en savez beaucoup plus que nous ?
Je disais, madame, que les derniers siècles sont toujours plus instruits que les premiers, à moins qu’il n’y ait eu quelque révolution générale qui ait absolument détruit tous les monuments de l’antiquité. Nous avons eu des révolutions horribles, mais passagères ; et dans ces orages on a été assez heureux pour conserver les ouvrages de votre père, et ceux de quelques autres grands hommes : ainsi le feu sacré n’a jamais été totalement éteint, et il a produit à la fin une lumière presque universelle. Nous sifflons les scolastiques barbares qui ont régné longtemps parmi nous ; mais nous respectons Cicéron et tous les anciens qui nous ont appris à penser. Si nous avons d’autres lois de physique que celles de votre temps, nous n’avons point d’autre règle d’éloquence ; et voilà peut-être de quoi terminer la querelle entre les anciens et les modernes.
- ↑ Les paroles sont de Gentil Bernard ; la musique, de Rameau. Cette pièce, jouée en 1737, avait été reprise en 1753.