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364 MÉMOIRE.

frères les protestants de France (qui le désavouent) comme une multitude redoutable au trône. « Il s'est formé, dit-il, un sémi- naire de prédicants, sous le nom de ministres du désert, qui ont leurs consistoires, leurs synodes, leur juridiction ecclésiastique. Il y a cinquante mille baptêmes et autant de mariages bénis illi- citement en Guienne, des assemblées de vingt mille âmes en Poitou, autant en Dauphiné, en Vivarais, en Béarn, soixante temples en Saintonge, un synode national tenu à Nîmes, composé des députés de toutes les provinces. »

Ainsi, par ces exagérations extravagantes, il se rend le déla- teur de ses anciens confrères, et en écrivant contre le trône il les exposerait à passer pour les ennemis du trône ; il ferait regarder la France, parmi les étrangers, comme nourrissant dans son sein les semences d'une guerre civile prochaine, si on ne savait que toutes ces accusations contre les protestants sont d'un fou égale- ment en horreur aux protestants et aux catholiques.

Acharné contre tous les princes de la maison de France, et contre le gouvernement, il prétend que monseigneur le Duc, père de monseigneur le prince de Condé, fit assassiner M. Vergier, commissaire des guerres, en 1720, et que sa mort a été récom- pensée de la croix de Saint-Louis, L'auteur du Siècle de Louis XIV avait démontré la fausseté de ce contée Tout le monde sait aujourd'hui que Vergier avait été assassiné par la troupe de Cartouche ; les assassins l'avouèrent dans leur interrogatoire ; le fait est pubhc : n'importe ; il faut que L. B. calomnie la maison de Condé, comme il a fait la maison d'Orléans et la famille royale.

De pareilles horreurs semblent incroyables. Personne n'avait joint encore tant de ridicule à tant d'exécrables atrocités. Il paraît même que l'on s'avilit à relever ce ramas d'inconcevables turpi- tudes; mais on supplie les ministres de Sa Majesté, qui ignorent ces excès, de considérer que ce même L, B., retiré à présent à Mazères en Guienne, outrage continuellement des particuliers qui ne peuvent se défendre.

Non content d'avoir imprimé et falsifié le Siècle de Louis XIV, et de l'avoir chargé de calomnies, il a écrit depuis dix ans à l'auteur, ou fait écrire quatre-vingt-quatorze lettres anonymes. Cela est rare et digne de toute sa conduite. On a envoyé la der- nière au ministère ; elle commence par ces mots : (c J'ose risquer une 95'= lettre anonyme, etc. »

1. Voyez tome XIV, page ii2; et XV, 126.

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