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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/178

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CHAPITRE XX.

immédiatement après, puisque ce mot est chaldéen ; cette raison ne nous paraît pas péremptoire. Les Juifs pouvaient très-bien avoir emprunté ce mot longtemps auparavant, d’une nation voisine.

Mais ce qui est plus positif, et ce qui semble avoir plus de poids, c’est la quantité prodigieuse de termes persans qu’on trouve dans les écrits juifs. Presque tous les noms qui finissent en el ou al sont ou persans, ou chaldéens. Babel, porte de Dieu ; Bathuel, venant de Dieu ; Phégor-Béel, ou Béel-Phégor, Dieu du précipice ; Zébuth-Béel, ou Béel-Zébuth, Dieu des insectes ; Béthel, maison de Dieu ; Daniel, jugement de Dieu ; Gabriel, homme de Dieu ; Jabel, affligé de Dieu ; Jaïel, la vie de Dieu ; Israël, voyant Dieu ; Oziel, force de Dieu ; Raphaël, secours de Dieu ; Uriel, le feu de Dieu.

Les noms et le ministère des anges sont visiblement pris de la religion des mages. Le mot de Satan est pris du persan. La création du monde en six jours a un tel rapport à la création que les anciens mages disent avoir été faite en six gahambârs, qu’il semble en effet que les Hébreux aient puisé une grande partie de leurs dogmes chez ces mêmes mages, comme ils en prirent l’écriture, lorsqu’ils furent esclaves en Perse.

Ce qui achève de persuader quelques savants qu’Esdras refit entièrement tous les livres juifs, c’est qu’ils paraissent tous du même style.

Que résulte-t-il de toutes ces observations ? Obscurité et incertitude.

Il est étrange qu’un livre écrit par Dieu même pour l’instruction du monde entier ait été si longtemps ignoré ; qu’il n’y en ait qu’un exemplaire trente-six ans avant la captivité des deux tribus subsistantes ; qu’Esdras ait été obligé de le rétablir ; qu’étant fait pour toutes les nations, il ait été absolument ignoré de toutes les nations ; et que la loi qu’il contient étant éternelle, Dieu lui-même l’ait abolie.


CHAPITRE XX.
Que l’immortalité de l’âme n’est ni énoncée, ni même supposée dans aucun endroit de la loi juive.


Quel que soit l’auteur du Pentateuque, ou plutôt quels que soient les écrivains qui l’ont compilé, en quelque temps qu’on l’ait écrit, en quelque temps qu’on l’ait publié, il est toujours de