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CHAPITRE XXI.

femmes qui ont connu le coït... réservez les pucelles... » Le butin de l’armée fut de six cent soixante et quinze mille brebis, soixante-douze mille bœufs, soixante et un mille ânes, trente-deux mille pucelles, qui étaient dans le camp madianite, desquelles pucelles trente-deux seulement furent pour la part d’Adonaï (c’est-à-dire furent sacrifiées), etc[1]. J’ai lu dans un ouvrage intitulé Des Proportions que le nombre des ânes n’était pas en raison de celui des pucelles.

3° Il paraît que les coutumes des Juifs étaient à peu près celles des peuples barbares que nous avons trouvés dans le nord de l’Amérique, Algonquins, Iroquois, Hurons, qui portaient en triomphe le crâne et la chevelure de leurs ennemis tués. Le Deutéronome dit expressément[2] : J’enivrerai mes flèches de leur sang ; mon épée dévorera leur chair et le sang des meurtris ; on me présentera leurs têtes nues.

4° Presque tous les cantiques juifs, que nous récitons dévotement (et quelle dévotion !), ne sont remplis que d’imprécations contre tous les peuples voisins. Il n’est question que de tuer, d’exterminer, d’éventrer les mères et d’écraser les cervelles des enfants contre les pierres.

5° Adonaï met le roi d’Arad, prince chananéen, sous l’anathème ; les Hébreux le tuent, et détruisent son village[3].

6° Adonaï dit encore expressément : Exterminez tous les habitants de Chanaan. « Si vous ne voulez pas tuer tous les habitants, je vous ferai à vous ce que j’avais résolu de leur faire. » C’est-à-dire je vous tuerai vous-mêmes[4]. Cette loi est curieuse. L’auteur du Christianisme dévoilé dit que l’âme de Néron, celles d’Alexandre VI et de son fils Borgia, pétries ensemble, n’auraient jamais pu imaginer rien de plus abominable.

7° Vous les égorgerez tous, vous n’aurez aucune compassion d’eux[5].

C’est là une petite partie des lois données par la bouche de Dieu même. Gordon, l’illustre auteur de l’Imposture sacerdotale, dit que si les Juifs avaient connu des diables, qu’ils ne connurent qu’après leur captivité à Babylone, ils n’auraient pas pu imputer à ces êtres, qu’on suppose ennemis du genre humain, des ordonnances plus diaboliques.

Les ordres donnés à Josué et à ses successeurs ne sont pas

  1. Nombres, ch. xxxi, 40. (Note de Voltaire.)
  2. Ch. xxxii, v. 42. (Id.)
  3. Nombres, ch. xxi, v. 3. (Id.)
  4. Nombres, ch. xxxiii, v. 55 et 50. (Note de Voltaire.)
  5. Deutéronome, ch. vii, v. 2. (Id.)