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466 LE TOCSIN

laquelle ces assassins jurèrent sur l'Évangile, entre les mains d'un dominicain, de tuer le meilleur et le plus sage souverain qu'ait jamais eu la Pologne ? Il est vrai que Notre-Dame de Csen- tochova fait tous les jours des miracles, mais elle n'a pas fait celui de prévenir les desseins des conjurés; et jusqu'ici Notre-Dame de Pétersbourg ^ est la seule qui venge l'honneur et les droits du trône. On voit encore, à la honte de tous les chrétiens, des gar- nisons turques dans les villes polonaises, et, sans les véritables miracles des armées russes, les Ottomans seraient dans Var- sovie.

L'empereur des Romains, qui sait l'histoire, et qui est né pour faire des actions dignes de l'histoire, sait assez que ces Turcs ont mis deux fois le siège devant Vienne -, et qu'ils ont fait plus de trois cent mille Hongrois esclaves.

Les barbares tyrans de Constantinople, souillés si souvent du sang de leurs frères et de leurs vizirs, traitent tous les rois de l'Europe comme les Romains traitaient autrefois les petits princes de la Cappadoce et de la Judée. Ils regardent nos ambassadeurs comme des consuls de marchands.

M. Porter, ci-devant plénipotentiaire à Constantinople, nous apprend que, pour toute sûreté, nos ambassadeurs n'ont que des concessions, dont on ne leur laisse que des copies qui ne sont point authentiques, et quelques privilèges établis par l'usage, qui sont toujours contestés.

Il nous dit que le grand vizir Jein Ali bâcha voulut, il n'y a pas longtemps, les confiner tous dans l'île des Princes.

Quand un ambassadeur est admis à l'audience du grand vizir, ce barbare, couché sur un sopha, le fait asseoir sur un petit tabouret, lui dit quatre mots, et le renvoie; deux huissiers le prennent par les bras pour le faire pirouetter, et pour le faire incliner devant leur maître ; les valets le huent et le sifflent. Du moins il n'y a pas longtemps que cette étiquette était observée.

S'il veut paraître à l'inutile audience du sultan, on le fait attendre deux heures, et souvent à la pluie et à la neige, dans une petite cour triangulaire, sous un arbre autour duquel est un vieux banc pourri sur lequel les marmitons de Sa Hautesse

��celle-ci. Il parut se contenter de cette réponse, et la conversation devint générale. » Est-il étonnant que, depuis, Voltaire ait lancé quelque ti-ait contre Dutens? Voyez, dans la Correspondance, la lettre à M. de Chastellux, du 7 décembre 1772. (B.) — Voyez aussi tome XX, page 471.

4. Catherine II.

2. Eu 1529 et 1683; voyez, sur le second siège devienne, tome XIII, page 601.

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