Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/566

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

556 RÉPONSE

nÉPONSE A M. l'abbé DE CAVEYRAC.

Gardons-nous seulement de dire avec M. l'abbé de Caveyrac* (( que la tolérance n'a produit en Angleterre que des fruits funestes, qu'il n'en restait qu'un seul à mûrir, qu'ils le recueillent aujourd'liui, et que c'est le mépris des nations », Notre roi a triomphé trois fois des Anglais, à Fontenoy, à Liège, à Laufelt, et les a toujours estimés.

On ne les voit méprisés en Asie, en Afrique, en Amérique, et en Europe, que de M. l'abbé de Caveyrac.

Gardons-nous de répéter avec lui- que Dieu « ordonna d'exter- miner jusqu'au dernier Amalécite; qu'il veut que celui qui aurait été sollicité à servir des dieux étrangers livre l'instigateur au peuple, et soit le premier à l'assommer, fût-il son frère, son fils, sa femme, ou son ami ».

Cet ordre ne fut donné que dans la loi de rigueur, et nous sommes sous la loi de grâce. Il est un peu trop dur de nous pro- poser d'assonwwr nos frères, nos fils et nos femmes. Nous devons d'autant plus pencher vers la douceur que nous sommes dans Tannée centenaire et dans le mois de la Saint-Barthélémy, fête un peu lugubre, dans laquelle en effet les frères assommèrent leurs frères, et que M. l'abbé de Caveyrac nous reproche dans une nouvelle Dissertation de n'être pas de son avis sur cette journée.

Il dit que cette journée ne fut^ qu'une a/faire de proscription. Quelle affaire, juste ciel! Nous sommes encore étonnés qu'on dise affaire de proscription comme affaire de finances, affaire de famille, affaire d'accommodement. Une proscription est-elle donc si peu de chose? et le faux zèle de religion n'entra-t-il pour rien dans cette affaire épouvantable?

N'est-il pas prouvé que plusieurs personnes à qui l'on offrit leur grâce, s'ils voulaient changer de religion, furent massacrées sur leur refus? Le respectable de Thou ne dit-il pas expressément,' au livre LUI, que la nouvelle des massacres causa dans Rome une joie inexprimable; que le pape Grégoire XIII, suivi de tous les

��4. Page 3G'2 de l'Apologie de Louis XIV et de son conseil sur la révocation de l'édit de Nantes, avec une Dissertation sur la journée de la Saint-Barlhelemy. (Note de Voltaire.) — Voltaire a souvent parlé de Caveyrac ; voyez entre autres tomes XXIV, page 476; XXV, page 33; elles xiv'etxv"^ des Fragments sur l'histoire.

2. Page 308 de sa Dissertation sur la Saint-Barthélémy. {Note de Voltaire.)

3. Ibid., page 1. (/(/.)

�� �