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SUR L’INDE.

la raison.

Les âmes vertueuses seront-elles sans récompense, et les criminelles sans punition ?

la sagesse divine.

Les âmes des hommes sont distinguées de celles des autres animaux. Elles sont raisonnables. Elles ont la conscience du bien et du mal. Si l’homme fait le bien, son âme, dégagée de son corps par la mort, sera absorbée dans l’essence divine, et ne ranimera plus un corps de terre. Mais l’âme du méchant restera revêtue des quatre éléments, et, après qu’elles auront été punies, elles reprendront un corps ; mais, si elles ne reprennent leur première pureté, elles ne seront jamais absorbées dans le sein de Dieu.

la raison.

Quelle est la nature de cette infusion dans Dieu même ?

la sagesse divine.

C’est une participation à l’essence suprême : on ne connaît plus les passions ; toute l’âme est plongée dans la félicité éternelle.

la raison.

Ô ma mère ! tu m’as dit que si l’âme n’est parfaitement pure elle ne peut habiter avec Dieu. Les actions des hommes sont tantôt bonnes, tantôt mauvaises. Où vont toutes ces âmes mi-parties immédiatement après la mort ?

la sagesse divine.

Elles vont subir dans Pondéra, pendant quelque temps, des peines proportionnées à leurs iniquités. Ensuite elles vont au ciel, où elles reçoivent quelque temps la récompense de leurs bonnes actions ; enfin elles rentrent dans des corps nouveaux.

la raison.

Qu’est-ce que le temps, ma mère ?

la sagesse divine.

Il existe avec Dieu pendant l’éternité ; mais on ne peut l’apercevoir et le compter que du point où Dieu créa le mouvement qui le mesure.

Tel est ce catéchisme, le plus beau monument de toute l’antiquité. Ce sont là ces idolâtres auxquels on a envoyé, pour les convertir, le jésuite Lavaur, le jésuite Saint-Estevan et l’apostat Norogna[1].

  1. Voyez l’article xv. (Note de Voltaire.) — Pages 140 et 142.