Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AU RÉVÉREND PÈRE EN DIEU[1]


MESSIRE


JEAN DE BEAUVAIS[2]


CRÉÉ PAR LE FEU ROI, LOUIS XV, ÉVÊQUE DE SEXEZ.


(1774)




Mon révérend Père en Dieu

,

J’assistai ces jours passés au service que fit le curé de Neuilly. « Ouailles, dit-il, souhaitons la vie éternelle à notre bon roi, qui ne demanda que la paix après avoir gagné deux batailles en

  1. Le titre de révérend père en Dieu se donnait aux évêques avant le cardinal de Richelieu ; voyez tome XVIII, page 114.
  2. Jean de Beauvais, après avoir insulté à la vérité et à la raison dans son Oraison funèbre, comme c’est l’usage, insulta de plus à la mémoire du roi son bienfaiteur. Il comptait avoir un meilleur évêché, et il se trompa. On voyait alors des hommes qui avaient flatté Louis XV pendant sa vie, et qu’il avait comblés de biens, déchirer sa mémoire, et témoigner de sa mort une joie indécente. Les gens qu’on appelle philosophes, et que ce prince, trompé par la calomnie, avait plus laissé persécuter qu’il ne les avait encouragés, furent alors les seuls qui lui rendissent quelque justice. On leur reproche d’oser juger les rois pendant qu’ils règnent, mais ils savent les respecter, et durant leur vie, et même lorsqu’ils ont cessé de régner : ils savent qu’il y a autant de bassesse à insulter un pouvoir qui n’est plus qu’à flatter la main qu’on craint, ou dont on espère. (K.)
    — Jean-Baptiste-Chaiies-Marie de Beauvais, né en 1731, après avoir été prédicateur du roi, nomme évêque de Senez en 1773, démissionnaire en 1783, mort en 1790, prêcha devant la cour le jeudi saint de l’année 1774, et dans son sermon paraphrasa les paroles de Jonas : Encore quarante jours, et Ninive sera détruite. Ces paroles semblèrent faire beaucoup d’impression sur Louis XV, et l’on trouva extraordinaire, dans le temps, que l’orateur, qui avait si violemment ému le monarque, fût chargé de faire son oraison funèbre. Elle fut prononcée dans l’église de l’abbaye de Saint-Denis le 27 juillet 1774, et imprimée dans les formats in-4o et in-8o.
    L’édition originale de la brochure de Voltaire sur cette oraison funèbre est on