Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES ÉDITS


DE SA MAJESTÉ LOUIS XVI


pendant l’administration de M. Turgot.[1]




On sait assez qu’une lumière nouvelle éclaire l’Europe depuis quelques années ; on a vu une femme[2] instruire, policer, enrichir un empire qui contient la cinquième partie de notre hémisphère : la première de ses lois a été l’établissement de la tolérance depuis les frontières de la Suède jusqu’à celles de la Chine ; elle a proscrit la torture, qui ne se donnait qu’aux esclaves dans l’empire romain ; elle a rendu utiles à la société jusqu’aux supplices mêmes, qui n’étaient autrefois qu’une mort cruelle, un spectacle passager, aussi inutile que barbare, dont il ne résultait que de l’horreur.

Pour former le corps de ses lois civiles, elle a assemblé les députés de toutes ses provinces et de toutes les religions qui les habitent ; on a dit au chrétien de l’Église grecque, à celui de l’Église romaine, au musulman du rite d’Omar, à celui du rite d’Ali, à celui qu’on appelle ou luthérien ou calviniste, au Tartare qu’on nomme païen : Cette loi qu’on vous propose convient-elle à vos intérêts, à vos mœurs, à votre climat ? Et cette loi n’a été promulguée qu’après avoir obtenu le consentement universel.

Nous avons vu un jeune roi du Nord[3], soutenu seulement de

  1. Dans les Mémoires secrets, à la date du 10 décembre 1775, on parle d’une « petite brochure sans titre, mais qu’on attribue avec raison au philosophe de Ferney… Le nouvel écrit est pour faire sa cour à M. Turgot relativement à la suppression des corvées, qu’on regarde comme décidée ». Wagnière ajoute : « Cette petite pièce sur les corvées est de M. de Voltaire… » Je crois que, dans ces passages, il s’agit de l’opuscule sur les édits de Turgot, et qui doit être alors de novembre 1775. (B.)
  2. Catherine II ; voyez tome XX, page 535.
  3. Gustave III, roi de Suède.