Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/443

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Suivant ce beau principe, l’histoire ne devrait être qu’un éloge des princes sur tout.

CXXXII. — Il écrit comme il avait toute sa vie ouï parler dans les tabagies, où je juge qu’il allait ordinairement chercher les bonnes compagnies.

Ne jugez point ! (Eccl.)

CXXXIII — Je ne veux en aucune manière noircir sa mémoire ; je veux seulement faire remarquer qu’il parle quelquefois avec une hardiesse dont on ne peut avoir pris l’habitude que dans les lieux que je dis.

De quoi cependant ne l’a-t-il pas accusé ?

CXXXIV. — Le gouverneur de la Charité, qui n’avait que cent cinquante hommes pour défendre sa place, capitula après avoir soutenu deux assauts. Cela n’est pas vraisemblable ; on ne soutient pas deux assauts d’une armée royale avec cent cinquante hommes.

Le fait peut être vrai, et cette armée royale était peu considérable.

CXXXV. — Le duc d’Anjou venait renforcer le siège de la Rochelle avec ses troupes, altérées de sang et de carnage. Ce sont là termes qui ne conviennent pas aux armées, et qu’on n’y entend jamais dire.

Si une armée les mérite, qu’importe qu’on les y entende dire ?

CXXXVI. — La reine mère avait plaisir et intérêt à tricoter toujours avec les uns et les autres. Où peut-il avoir appris tricoter ?

Expression pittoresque, mais peu noble.

CXXXVII. — Il dit que la reine Marguerite, comme sa mère, instruisait les dames de sa suite à envelopper les braves dans ses filets, et que le roi lui-même se prit aux appas de la belle Fosseuse. Ne pouvait-on pas traiter de pareilles matières avec plus de modération et en d’autres termes ?

Mézerai n’avait pas été à l’école des jésuites, et n’avait pas appris l’art d’adoucir ses expressions ; mais ne les affaiblit-on pas alors ?

CXXXVIII. — Il dit qu’Henri III n’avait plus d’attachement pour les femmes. Voilà une terrible idée qu’il veut donner des mœurs du roi.

Ce n’est pas lui qui la donne, ce sont tous les mémoires du temps.