mort au monde en attendant une mort prochaine ; contre un homme que vous n’avez jamais vu, qui ne vous a jamais pu offenser. Pourquoi faites-vous contre lui trois volumes[1] ? Pourquoi dans ces trois volumes toutes ces ironies continuelles, toutes ces injures, toutes ces accusations, toutes ces calomnies, ramassées dans la fange de la littérature, et dont certainement vous n’auriez point fait usage si vous aviez consulté votre cœur et votre raison ? Ôtez ce fatras énorme d’outrages, il ne restera pas vingt pages en tout. Et de ces vingt pages ôtez les choses dont aucun honnête homme ne se soucie aujourd’hui, il ne restera rien.
Ô quantum es in rébus inane !
Mon ami a remarqué historiquement que depuis la pâque célébrée dans le désert[2] après la fabrication du tabernacle, il n’est parlé d’aucune autre pâque ; que la circoncision ne fut point connue dans le désert pendant quarante ans ; que nulle grande fête légale n’est marquée ; qu’on ne trouve dans l’Ancien Testament aucune prière publique commune semblable à notre oraison dominicale ; et que la Misna nous apprend seulement qu’Esdras en institua une. Tout cela est aussi vrai qu’indifférent. Pourquoi y trouvez-vous de la fausseté et de la mauvaise volonté ? Si mon ami a mal dit, rendez témoignage du mal. S’il a bien dit, pourquoi l’injuriez-vous ?
Vous avancez formellement que la loi de Dieu « ne défend pas absolument de faire aucune image, aucun simulacre, mais d’en faire pour les adorer ». Je pense que vous vous trompez, messieurs. Je ne sais rien de si positif que ces paroles de l’Exode[3] : « Vous ne ferez point d’image taillée, ni aucune représentation de ce qui est sur le ciel en haut, ni sur la terre en bas, ni de ce qui est dans les eaux. »