Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/568

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consens de vous faire bon de cent mille Juifs en sus, c’est tout ce que je puis faire pour votre service ; les Parsis, vos anciens maîtres, ne sont pas en plus grand nombre. Vous voulez rire avec vos quatre millions.

ADDITION DE MON AMI.

« Leur secrétaire me dit que je suis fâché contre eux à cause de la banqueroute que me fit le juif Acosta, il y a cinquante ans, à Londres : il suppose que je lui confiai mon argent pour gagner un peu de temporel avec Israël. Je vous proteste, messieurs, que je ne suis point fâché : j’arrivai trop tard chez M. Acosta ; j’avais une lettre de change de vingt mille francs sur lui ; il me dit qu’il avait déclaré sa faillite la veille, et il eut la générosité de me donner quelques guinées qu’il pouvait se dispenser de m’accorder. Comptez, messieurs, que j’ai essuyé des banqueroutes plus considérables de bons chrétiens[1] sans crier. Je ne suis fâché contre aucun juif portugais, je les estime tous ; je ne suis en colère que contre Phinée, fils d’Éléazar, qui, voyant le beau prince Zamri couché tout nu dans sa tente avec la belle princesse cosbi, toute nue aussi, attendu qu’ils n’avaient pas de chemise, les enfila tous deux avec son poignard par les parties sacrées, et fut imité par ses braves compagnons, qui égorgèrent vingt-quatre mille amants et vingt-quatre mille amantes en moins de temps que je n’en mets à conter cette anecdote : car à mon âge je n’écris pas vite. »

XII NIAISERIE.
sur la circoncision.

Vous jetez les hauts cris sur ce qu’un autre que mon ami a dit que la circoncision d’Abraham n’eut point de suite. Non, monsieur, elle n’eut point de suite ; non, monsieur, elle n’en eut point, puisque les Israélites ne pratiquèrent point la circoncision en Égypte. C’était un privilège qui n’était alors réservé qu’aux prêtres d’Isis et aux initiés.

Oui, les Juifs qui moururent tous dans le désert moururent incirconcis comme M. Guenée et moi ; mais il y a un livre inconnu que vous appelez Dictionnaire philosophique, dans lequel

  1. Entre autres le fils de Samuel Bernard ; voyez tome XVII, page 538.