LETTRE I.
MESSIEURS,
J’ai lu la lettre authentique par laquelle vous avez rendu justice à M. le comte de Morangiés[2]. M. de Florian, mon neveu, votre compatriote, ancien capitaine de cavalerie, qui demeure à Ferney, aurait signé votre lettre s’il avait été sur les lieux[3]. C’est l’honneur qui l’a dictée. Une partie considérable des cours de France et de Savoie, qui est venue dans nos cantons, a fait éclater des sentiments conformes aux vôtres.
M. de Florian est en droit plus que personne de s’élever contre les persécuteurs de M. de Morangiés, puisqu’un de ses laquais, nommé Montreuil[4] nous a dit vingt fois qu’il avait mangé souvent avec le sieur Du Jonquay, et qu’on lui avait proposé de lui faire prêter de petites sommes sur gages par cette famille, qui subsistait de ce commerce clandestin. Les juges auraient pu interroger ce domestique, qui est à Paris. Il ne faut rien négliger dans une affaire si étonnante, et qui a partagé si longtemps la noblesse et le tiers état.