Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/151

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VARIANTES D’ADÉLAÏDE DU GUESCLIN. lil

Je servirai sous lui, comme il faudi-a qu’un jiuir. Quand je commanderai, l’on me serve ; \ mon tour. Voiii mes sentiments. Considérez, madame, Le nom de cet amant, ses services, sa flamme ; J’ose lui souhaiter un cœur tel f4uc le mien : Oubliez mou amour, et répondez au sien.

ADKLAÎDE.

Connaît l’amitié seule, et sais braver l’amour. Pourrais-tu, Dieu puissant, qu’à mon secours j’appelle, Laisser tant de vertu dans l’àme d’un rebelle ! Pardonnez-moi ce mot, il échappe à ma foi. Puis-je autrement nommer les sujets de mon roi, Quand, détruisant un trône affermi par leurs pères, Ils ont livré la France à des mains étrangères ? C’est en vain que j’en parle ; hélas ! dans ces horreurs, Ma voix, ma faible voix ne peut rien sur vos cœurs. Mais puis-jc au moins de vous obtenir une grâce ?…

SCENE IV,

VENDOME.

Je voi

Que vous cachez des pleurs qui ne sont pas pour moi.

ADÉLAÏDE.

Non, ne doutez jamais de ma reconnaissance.

VENDÔME.

Et vous pouvez le dire avec indifférence ! Ingrate, attendiez-vous ce temps pour m’affliger ? Est-ce donc près de vous qu’est mon plus grand danger ? Ah, Dieu !

coucv. Le temps nous presse.

VENDÔME.

Oui, j’aurais dû vous suivre. J’ai honte de tarder, de l’aimer, et de vivre. Allez, cruel objet dont je fus trop épris, Dans vos yeux, malgré vous, je lis tous vos mépris. Marchons, brave Coucy ; la mort la [ilus cruelle, A mon cœur malheureux est moins barbare qu’elle…

SCENE V.

ADELAÏDE.

Est-il bien vrai, Nemours serait-il dans l’armée ? Vendôme, et toi, cher prince, objet de tous mes vœux, Qui de nous trois, ô ciel ! est le plus malheureux ?