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VARIANTES I) ADÉLAÏDE DU GUESCLIN.

SCÈ\E VT.

\ F, \’ n Ô M E.

Adélaïde ! ingrate ! ah ! tant de fermeté,

Sa funeste douceur, sa tranquille fierté.

L’orgueil de ses vertus, redoublent mon injure.

Quel amant, quel héros contre moi la rassure ?

Par qui mon tendre amour est-il donc traversé ?

Ce n’est point le daiTpliin, d’autres yeux l’ont blessé.

Ce n’est point Richement, La ïrimouillc, La Hire ;

On sait de quels appas ils ont suivi l’empire :

C’est cncor moins mon frère ; et d’ailleurs, à ses yeux,

Le sort n’offrit jamais ses charmes odieux.

Que l’on cherche Coucy ; je ne sais, mais peut-être,

Sous les traits d’un héros, mon ami n’est qu’un traître.

Mon cœur de noirs soupçons se sent empoisonner.

Quoi ! toujours vers son prince elle veut retourner !

Quoi ! dans le même instant, Coucy, plus infidèle.

Vient me parler do paix, et s’entend avec elle.

L’aime-t-il ? pourrait-il à, ce point m’insulter ?

Puisqu’il l’a vue, il l’aime ; il n’en faut point douter.

Les conseils de Coucy, les vœux d’Adélaïde,

Leurs secrets entretiens, tout m’annonce… Ah ! perfide !

SCENE VII

C G U G V.

. . . . Aimez-moi, prince, au lieu de me louer : Et sur vos intérêts souffrez que je m’explique. Vous m’avez soupçonné de trop de politique Quand j’ai dit que bientôt on verrait réunis Les débris dispersés de l’empire des lis.

C G L C V.

Mais qu’importent pour vous ses vœux et ses desseins ?

Est-ce donc à l’amour à régler nos destins ?

Ce bras victorieux met-il dans la balance

Le plaisir et la gloire, une femme et la France ?

Verrai-je un si grand cœur à ce point s’avilir ?

Le salut de l’État dcpcnd-il d’un soupir ?

Aimez, mais en héros qui possède son âme.

Qui gouverne à la fois sa maîtresse et sa flamme.

Et vous devez en tout l’exemple des vertus.

VENDÔME.

Ah ! je n’en puis donner jamais que de faiblesse. Mon cœur désespéré cherche et craint la sagesse ; Je la vois, je la fuis, j’aime en vain ses attraits. Et j’embrasse en pleurant les erreurs que je hais.